LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Responsables...jamais coupables

Publié le 02/05/2011
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HOUILLES (78)

DR PATRICK DORE

Je souhaite réagir à votre article concernant le projet de plusieurs élus de limiter la liberté d’installation. Ainsi donc, un "lobby" (terme affectionné par certains intéressés) politico-syndicaliste envisage d’user de la coercition pour réguler l’implantation de médecins libéraux.

Il faudrait peut-être que ces élites du "yakafocon" élargissent l’angle de leurs œillères. Qu’ils nous expliquent pour quelles bonnes raisons des jeunes débutant leur carrière professionnelle et qui ont créé une famille, iraient s’installer là où manquent :

- Des crèches ;

- Des écoles ;

- Des postes ;

- Des banques ;

- Des transports en commun ;

- Des hôpitaux de proximité ;

- Des pharmacies….

Ainsi de suite....

Ces freins à l’installation dépendent en grande partie des judicieuses décisions de ces responsables, évidemment jamais coupables.

Médecine esthétique : on ne peut être juge et partie

LES EPESSES (85)

DR DIEUDONNE MOUTAPAM

Je suis surpris et indigné par le décret du 11 avril 2011 relatif à l’interdiction de la pratique d’actes de lyse adipocytaire à visée esthétique. Je constate en tant que médecin morpho esthéticien et anti-âge, diplômé de la Faculté de Paris 13 et reconnu par le Conseil National de l’Ordre des Médecins, que le gouvernement s’est fait manipuler par certains chirurgiens esthéticiens. On ne peut pas être juge et partie.

En effet les seuls experts en médecine esthétique reconnus par le ministère sont malheureusement tous des chirurgiens. Par ce texte, ces spécialistes font un hold-up complet sur le marché de la cellulite en France. En effet un certain nombre d’entre eux ayant constaté la quasi-disparition des liposuccions, se sont organisés et ont tout mis en œuvre pour diaboliser et faire passer de nombreux médecins pour des écervelés, qui font n’importe quoi et qui seraient dangereux pour leurs patientes. Comment peut-on nous faire croire que la seule alternative qu’ont les Françaises et les Français pour traiter leur cellulite, est la liposuccion chirurgicale sous anesthésie générale ?

Affirmer que les infrarouges focalisés, la radiofréquence, les lasers, les ultrasons, sont dangereux, des appareils faisant l’objet de multiples contrôles de la FDA américaine et de l’Union européenne, c’est prendre des Français pour des imbéciles. Cela relève soit de la pure ignorance, soit de la malhonnêteté. Comment ces pseudo-experts ont-ils pu à ce point manipuler le ministre ? Cela revient à affirmer que les médecins des autres pays européens, des États-Unis, et du reste du monde qui utilisent des lasers, des ultrasons, des infrarouges de la radiofréquence sont des gens incultes qui font courir un risque grave à leurs populations ? Que l’on me donne un seul cas en France où les ultrasons et la radiofréquence utilisés dans la cellulite ont entraîné un risque même minime pour les personnes ?

Comment peut-on être à ce point être antidéontologique ? Et déposer de tels rapports truffés d’amalgames, de contres vérités, dans le seul but de récupérer un marché ?

À t-on mesuré les risques graves qu’on fait courir à nos compatriotes en ne leur laissant le seul choix que la chirurgie ?

Aller montrer une dizaine d’images, qui font le mélange entre les dégâts causés par les centres esthétiques des non-médecins qui font des injections (lipothymie), qui utilisent des lasers médicaux et des appareils médicaux qui leur normalement interdits, et les quelques cas d’infections locales de mésothérapie est aussi scandaleux que malhonnête.

Je rappelle que plus de 3 000 actes de médecine esthétique - dont près de 60 % à partir d’appareils homologués - sont pratiqués chaque jour en France. Et on nous présente une dizaine de cas sur des millions de personnes suivies, pour justifier de pénaliser des spécialités entières : médecins morpho-esthéticiens et anti-âge reconnus, généralistes pratiquant des actes esthétiques, médecins esthéticiens, médecins mésothérapeutes…Sans oublier les conséquences pour les fabricants d’appareils de haute technologie. Ce qui risque à terme d’entraîner la fermeture de nombreuses entreprises. Cette discipline permet éviter que les femmes et certains hommes se fassent opérer pour de petites masses graisseuses disgracieuses qu’on traite facilement par ces appareils et cela sans aucune conséquence pour la santé.

On condamne aujourd’hui des patients et des patientes pour faire plaisir à une poignée de chirurgiens esthéticiens, en mal de clientèle. On se retranche derrière un pseudo-rapport, rédigé par des experts rompus à défendre leurs intérêts personnels au détriment de l‘intérêt général. Le pire est que le ministre de la santé s‘est fait « rouler dans la farine ».

Mais on n’en restera pas là. Nous avons décidé de porter l’affaire au Conseil d’État pour faire annuler ce décret catastrophique. C’est le décret de la honte.

Une prime qui n’est pas une fantaisie

CLERMONT-FERRAND

DR LONJON ROGER

Je souhaite réagir à l’article de Richard Liscia, du 22 avril, sur la prime de 1 000 euros. Cette prime n’est pas une fantaisie. Mais du bon sens économique.

1- elle ne concerne que les sociétés qui distribuent de confortables dividendes à leurs actionnaires, qui peuvent en ces temps difficiles faire preuve de solidarité avec les salariés de l’entreprise, qui ont créé les

richesses ;

2- Le capitalisme peut être résumé avec l’image suivante : j’ai des idées, une capacité de travail et vous , vous avez de l’argent . Notre association va créer de la richesse

3- Le problème du capitalisme se pose donc au niveau du partage de la richesse créée

4- Il faut que l’État intervienne, comme juge de paix et c’était la conception du général De Gaulle qui avait initié et tenté de créer l’intéressement

5- la décision du Président Sarkozy n’est pas une fantaisie. Mais une mesure économique nécessaire, voire pour certains, urgente.

Génériques, alerte...

SAINT BRICE (95)

Dr JULIEN BLAIN

D’après le Dr Gérard Bapt, président de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur le Mediator, « un certain nombre d’alertes n’ont pas été entendues ». Mais il en est d’autres qui ne le sont pas non plus : toutes celles que j’ai envoyées aux autorités concernant le danger des médicaments génériques. Une de mes patientes a failli mourir, sous mes yeux, d’une hémorragie digestive, à cause de la moindre efficacité d’un générique. Réponses (au pluriel) des autorités : génériques = sécurité totale. Quand le scandale des génériques éclatera, nos responsables ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

Biologistes, Infirmiers libéraux : malentendu ou manipulation ?

PARIS 13e

THIERRY COTE (BIOLOGISTE)

La réforme de la biologie médicale prévoit un cadre strict de qualité, prouvée, qui engage la responsabilité médicale du biologiste. Celle-ci, par construction, s’applique à la globalité de l’examen, prélèvement compris. Personne ne peut le déplorer en sachant que 80 % des non-conformités en labo viennent de la phase pré-analytique (lecture de l’ordonnance, prélèvement, préparation des échantillons, transport, conservation).

Cette responsabilité implique des modifications de comportements pour les non-biologistes autorisés à prélever. Il convient de respecter la norme européenne et de ne limiter les prélèvements hors la vue du biologiste qu’au strict minimum (patients hospitalisés, immobilisés à domicile, isolés en zone rurale).

Cette innovation bouscule certains corporatismes, mais ce peut-il être au point de perdre son sang-froid comme le fait Philippe Tisserand, Président de la Fédération nationale des Infirmiers Libéraux dans vos colonnes ? « 70 % des prélèvements sont réalisés par des infirmiers, et ils représentent, pour certains cabinets, jusqu’à 20 % du chiffre d’affaires », dit-il.

70 % des prélèvements font 5 par jour en moyenne pour chacun des 64 000 infirmiers libéraux

20 % du chiffre d’affaires font 10 par jour et poussent le raisonnement précédent à 140 %…

Ces chiffres ne veulent donc rien dire sauf s’ils sont limités au milieu rural, ce que l’auteur ne précise pas, et alors que justement il n’a jamais été question de limiter l’activité des infirmiers ruraux, y compris dans leur cabinet.

Les biologistes s’opposent au retour des antennes de prélèvement « concurrentielles » dans les villes. Elles ne servent à rien si ce n’est à nuire à l’intérêt collectif des patients à travers le pernicieux retour aux ristournes voulues par le ministre et qui reste le plus sûr moyen de transformer la biologie médicale en un service soumis à la plus pure marchandisation. De celle dont on fait des scandales sanitaires quelques années après…

Ces antennes de prélèvements urbaines nous feraient changer de système sans le dire, elles menaceraient l’ensemble des laboratoires et groupes de laboratoires.

Nos collègues infirmiers libéraux, dont la plupart sont en bonne intelligence avec nous, doivent se souvenir de cela avant de suivre un mot d’ordre proche du populisme.

Le syndicat historique des médecins biologistes pourrait utilement en tenir compte également


Source : Le Quotidien du Médecin: 8953