Reste à charge zéro : Agnès Buzyn ne veut pas « offrir des montures Chanel à tout le monde »

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Publié le 21/11/2017

Agnès Buzyn a apporté ce mardi des précisions sur deux mesures phares du candidat Macron, réformes désormais dans les tuyaux : le « reste à charge zéro » sur l'optique et les prothèses dentaires et auditives et le tiers payant « généralisable » (et non plus généralisé obligatoire). 

À l'occasion d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS), la ministre de la Santé a repris la formule du Dr Olivier Véran, député LREM en charge du budget de la Sécu, sur l'objectif de reste à charge zéro : « Nous ne sommes pas là pour offrir des montures Chanel à tout le monde ! » La ministre a été claire : « Il s'agit de définir les trois paniers de soins nécessaires sur l'optique, le dentaire et l'audioprothèse. Nous nous engageons à ce que tout le monde y ait accès. »

Agnès Buzyn a admis ne pas connaître, à ce stade, le budget nécessaire au financement de cet « énorme dossier ». « Ce n'est pas le sujet. Je n'ai pas en ma possession une enveloppe dans laquelle j'essaye de faire rentrer des soins au chausse-pied. »

La ministre a en tout cas « bon espoir »  de pouvoir proposer aux Français un reste à charge zéro sur le dentaire – les négociations ont commencé cet été – « en 2018 », sans être certaine que les arbitrages financiers seront suffisamment aboutis pour être inscrits dans le projet de loi de financement pour 2019. 

Les négociations sur l'optique et les prothèses auditives viennent à peine de commencer. Elles donneront lieu à un simple « cadrage » en 2018. « Nous avons tous le quinquennat pour y parvenir », a clos Agnès Buzyn. 

Le tiers payant intégral mais sans paperasse...

Agnès Buzyn a également justifié le récent report de l'obligation du tiers payant à l'ensemble de la population (qui était initialement programmé au 30 novembre 2017) en jouant la carte du « une pierre deux coups » . 

« La part de tiers payant sur l'assurance-maladie obligatoire est techniquement faisable mais cela oblige le médecin à réclamer quelques euros au malade, à introduire la carte Vitale dans la machine, à prendre du temps en plus pour cela, a indiqué Agnès Buzyn. Plutôt que de mettre en place le tiers payant en deux temps, on va tout faire en même temps [sur la part obligatoire et complémentaire, NDLR] pour que les médecins s'engagent progressivement dans la démarche. » 

La ministre de la Santé a pris en exemple les pharmaciens, « qui pratiquent le tiers payant intégral à 99 % sans y avoir été obligés ». Elle a également rappelé s'être « engagée auprès des médecins à leur rendre du temps médical », pas à « leur rajouter de la paperasse »

En l'état, le projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS) 2018 prévoit la transformation du tiers payant généralisé en tiers payant « généralisable ». Une concertation sera menée dans les prochains mois pour identifier les nouveaux publics prioritaires. Un rapport sera remis au Parlement avant le 31 mars 2018. 


Source : lequotidiendumedecin.fr