Le plan de relance a marché

Sortie de crise ?

Publié le 03/12/2009
Article réservé aux abonnés
1276102110F_600x_111135_IMG_24517_1259917460000.jpg

1276102110F_600x_111135_IMG_24517_1259917460000.jpg
Crédit photo : AFP

IL FAUT SE SOUVENIR de la levée de boucliers qui a accueilli il y a moins d’un an l’adoption du plan de relance de 26 milliards d’euros. M. Sarkozy, qui participe activement à la campagne des élections régionales, ne risquait pas, dans un contexte caractérisé par de nombreux échecs et polémiques, d’omettre ce qu’il faut appeler un succès si on rejette la partialité. L’opposition avait d’ailleurs émis des critiques contradictoires : la France très endettée ne pouvait se permettre de dépenser 26 milliards de plus (dont la moitié en réalité viennent du remboursement, par les banques, de l’aide financière que l’État leur avait accordée). Et, face à une remontée vertigineuse du chômage, la somme établie par l’État aux investissements structurels semblait insuffisante aux censeurs de tout poil qui ne reconnaissent jamais le moindre mérite au gouvernement parce que c’est le gouvernement.

Des décisions à long terme.

Si l’on sort de cette attitude extraordinairement manichéenne qui empoisonne le débat public aujourd’hui, on constate que les pouvoirs publics, depuis le 15 septembre 2008, date de l’effondrement significatif de Lehman Brothers, ont réagi à terrible menace avec vigueur et détermination ; que M. Sarkozy a beaucoup contribué à l’unification de la riposte décidée au G20 ; qu’il ne s’en est pas contenté et a pensé l’ensemble de la crise en termes d’investissements susceptibles de prendre ultérieurement le relais des mesures conjoncturelles comme la prime à la casse qui a requinqué, indubitablement, l’industrie automobile ; et enfin que, pour s’assurer que la France ne retombe pas dans l’apathie au terme du plan de relance, il a prévu un emprunt dont la recette sera entièrement consacrée aux investissements à long terme. Du point de vue de la dette, ces dépenses peuvent paraître intolérables aux gens rigoureux qui réclament un retour programmé à l’équilibre, sans rien dire de ce qui se passerait alors pour nos concitoyens qui risqueraient de mourir guéris ; du point de vue de la justice sociale, il n’y avait en réalité rien d’autre à faire que ce qu’a fait le pouvoir politique avec le double assentiment de Michel Rocard et d’Alain Juppé, deux anciens Premiers ministres dont personne ne peut discuter la compétence.

AUX CHOIX DU GOUVERNEMENT, IL N’Y A PAS DE CONTRE-DISCOURS ÉCONOMIQUE

Justice sociale ? Mais oui. Quand l’opposition estime qu’il faut augmenter les impôts, c’est-à-dire redistibuer les revenus en établissant un système de vases communicants entre les riches et les pauvres, elle n’ignore pas qu’elle favoriserait le découragement entrepreneurial, l’évasion fiscale et une production en peau de chagrin. Plus on redistribue, plus le gâteau à partager diminue. Il vaut mieux prendre acte de la nature du système, surtout si l’on s’est engagé, comme les sociaux-démocrates, à ne pas détruire l’économie de marché. Une hausse des impôts n’est pas un mal en soi. Mais une hausse des impôts réservée aux nantis dans un contexte de crise risque de casser net la croissance. M. Sarkozy a répété mardi à Toulon qu’une dépense en investissements est acceptable même si la dette est excessive. Il refuse d’augmenter les impôts, ce qui est d’ailleurs plus un affichage qu’une réalité car la part des dépenses de santé payées de la poche du patient augmentent et parce qu’il y a de nouveaux impôts discrets, d’ailleurs assez injustes, par exemple l’application des cotisations sociales à la plus-value des contrats d’assurance-vie (une décision avec effet rétroactif, sans précédent depuis Pétain).

Ce qu’il reste à faire.

La France est aujourd’hui accablée par de nombreux problèmes qui n’ont pas été résolus par les gouvernements de M. Sarkozy, les cités, l’insécurité, le logement, l’augmentation sensible du nombre de pauvres, les difficultés de la classe moyenne, l’éducation inefficace. On a cependant le droit de penser que, si l’État n’avait rien fait de particulier depuis un an, le pays serait dans une situation plus grave, pour ne pas dire désespérée. Et encore n’avons-nous fourni à ce jour que de premiers effeorts. Nous ne pouvons pas accepter un chômage de plus de 10 %, qui risque d’augmenter encore ; nous ne survivrons pas, à terme, à une dette qui va dépasser 80 % de notre produit national brut ; accepter l’économie de marché, ce n’est pas renoncer à la réguler. Il n’existe pas vraiment de contre-discours économique : on n’augmentera les impôts et les taux d’intérêt que lorsque la croissance sera assez forte pour que de telles mesures ne suffisent pas à la freiner.

RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr