Tarifs : la FHF dénonce l'attaque « absurde » contre l'hospitalisation de jour

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Publié le 04/04/2017
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Valletoux FHF

Valletoux FHF
Crédit photo : S. Toubon

La Fédération hospitalière de France (FHF) ne décolère pas. En mars déjà, les arbitrages sur la campagne tarifaire 2017, très mal vécus, avaient assombri le climat entre les hôpitaux publics et le gouvernement. « Et maintenant, au détour d'un arrêté, la tutelle fait un mauvais sort au financement de l'hospitalisation de jour, fulmine Frédéric Valletoux, président de la FHF. Cette décision va à l'encontre du bon sens et à rebours du virage ambulatoire enclenché depuis des années par les établissements. Pour un quinquennat placé sous le signe de la confiance, c'est un sacré coup de canif ! »

500 millions d'euros de manque à gagner

Concrètement, la FHF reproche à Ségur la très mauvaise application d'une réforme attendue portant sur la création de tarifs dits « intermédiaires » entre hospitalisation conventionnelle et consultations externes. Sur le papier, l'enjeu est de valoriser certaines prises en charge ambulatoires (sans hospitalisation) pour des pathologies chroniques qui nécessitent du temps et la coopération de plusieurs professionnels (médecins, biologistes, paramédicaux). Préconisée par le rapport Véran sur le financement hospitalier, cette réforme, appliquée depuis le 1er mars, instaure ainsi des forfaits de « prestations intermédiaires » pour quatre pathologies : diabète de type 1 ou 2, polyarthrite rhumatoïde évolutive, spondylarthrite grave et insuffisance cardiaque, indique la notice technique qui a mis le feu aux poudres. 

Mais selon la FHF, ces forfaits vont de pair avec un « durcissement » des règles de facturation de l'hospitalisation de jour aboutissant à sortir certaines prestations pour les facturer comme des soins externes – selon une circulaire frontière en cours d'arbitrage. Les remontées alarmistes des hôpitaux ont obligé la FHF à évaluer l'impact de cette réforme : la perte de recettes est estimée à un demi-milliard d'euros en année pleine ! La FHF craint un « risque massif immédiat sur la continuité du service public hospitalier ».

Mardi soir, le ministère de la Santé a démenti « catégoriquement » ce qu'il considère comme des « allégations » voire des « contrevérités ». « Le chiffre de 500 millions d’euros d’économies évoqué par la FHF est fantaisiste et repose sur des interprétations erronées », a précisé Ségur.

« On assiste clairement à une baisse de tarifs sur des prestations complexes », résume Denis Valzer, délégué régional de la FHF Bourgogne-Franche-Comté. « À l'hôpital de Créteil (le CHIC), cette réforme correspond à un manque à gagner de 1,5 million d'euros non prévu sur l'hospitalisation de jour en obstétrique pour le diabète gestationnel, en gastroentérologie et en rhumatologie. C'est dix postes de praticiens hospitaliers et 20 d'infirmières en moins », calcule Stéphane Pardoux. Le directeur du CH ne voit pas 36 solutions : les managers devront imposer aux médecins de réhospitaliser sans que cela soit nécessaire…  

Le ministère dédramatise

La FHF réclame un retrait immédiat d'une réforme jugée « absurde ». Une réunion de concertation sur les prestations intermédiaires et la circulaire frontière est prévue ce mercredi.

Bourde de fin de quinquennat ou ultime tentative d'économies ? La direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère) avait en tout cas tenté d'anticiper la fronde en dédramatisant en fin de semaine dernière. « Au besoin, une modification de l'arrêté "prestations" sera opérée en complément de la nouvelle rédaction de la circulaire frontière », stipule le communiqué aux airs de mea culpa.


Source : lequotidiendumedecin.fr