Fondation Cœur et Recherche

Trois nouveaux projets sélectionnés pour leur impact sociétal

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Publié le 28/02/2018
test dépistage cannabis

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Crédit photo : phanie

Sélectionnés parmi de nombreux projets, les 3 nouveaux travaux de recherche récompensés par une subvention de la fondation Cœur et Recherche abordent des thématiques variées directement en lien avec le quotidien de nombreux Français. « On privilégie le financement de projets de recherche avec un impact sociétal », souligne le Pr Michel Komajda, président de la Fondation Cœur et Recherche.

Cocaïne, cannabis, amphétamine et crise cardiaque

Porté par le Pr Patrick Henry (Hôpital Lariboisière, AP-HP) au nom du groupe de travail Urgences et soins intensifs (USIC) de la Société française de cardiologie(SFC), ce premier projet évalue, chez les patients admis en soins intensifs cardiovasculaires, la survenue d’évènements cardiaques rares (crise cardiaque, infarctus ou mort subite) associés à la consommation de substances psychoactives : essentiellement la cocaïne, le cannabis et les amphétamines. Ce travail fait suite à une étude pilote réalisée à l’hôpital Lariboisière, qui avait mis en évidence un taux de consommation élevé en substances psychoactives (8,7 %) chez les patients admis en soins intensifs cardiovasculaires et un lien étroit entre cette consommation et l’infarctus du myocarde.

« L’objectif est d’essayer de comprendre le lien de causalité et, dans une seconde partie, de quantifier ce phénomène », explique le Pr Henry. Ainsi, pour déterminer le taux exact de substances consommées et leurs effets sur les patients en unités de soins intensifs cardiovasculaires, un dépistage systématique sera réalisé chez au moins 2 000 patients consécutifs dans 10 centres français, avec un suivi de 6 mois. À terme, l’idée est de sensibiliser le grand public aux risques cardiovasculaires liés à l’utilisation de substances psychoactives. 

Mort subite : une origine génétique ?

Le second projet sélectionné s’intéresse à la mort subite, due à un arrêt cardiaque non récupéré. En effet, sur les 50 000 à 60 000 personnes par an touchées par une mort subite, une origine cardiaque de type fibrillation ventriculaire idiopathique est retrouvée chez environ 3 % d’entre eux. « Ce projet est destiné à dépister les patients avec un cœur morphologiquement sain mais à risque de mort subite », stipule le Pr Antoine Leenhardt (Hôpital Bichat à Paris) en charge de ce travail de recherche. « Nous avons identifié pour la première fois un gène responsable de cette anomalie cardiaque, qui code pour une protéine du muscle cardiaque ». Une série de 50 patients, susceptibles d’être porteurs de l’anomalie génétique qui pourrait être responsable du phénomène de mort subite, a déjà été identifiée. « Nous souhaitons avec ce projet confirmer que ce gène est bien impliqué dans l’arythmie cardiaque puis étudier chez le rat les conséquences de ce gène sur cette protéine cardiaque », ajoute-t-il. En effet, l’objectif est dans un second temps d’étudier sur des modèles expérimentaux le mécanisme par lequel l’anomalie génétique déclenche un arrêt cardiaque. Ce travail de recherche réunit 4 centres experts à Paris, Bordeaux, Toulouse et au Royaume-Uni. Il pourrait à terme améliorer la prévention des morts subites chez les sujets sains et particulièrement les sujets jeunes de 15 à 45 ans. Si l’hypothèse est confirmée, les familles des victimes de mort subite pourraient donc être suivies. 

Pollution atmosphérique et sonore : quel impact sur le risque de récidive d’infarctus ? 

« Ce projet étudiera pendant 7 ans, dans 15 communes de la métropole dijonnaise, les liens entre d’une part le risque d’infarctus du myocarde (IM) et de récidive d’IM, et d’autre part les niveaux de polluants dans l’air ambiant (gaz et particules fines) et de bruits », explique le Pr Marianne Zeller (Université de Bourgogne Franche Comté). Il permettra donc d’appréhender dans quelle mesure les niveaux de pollution au lieu d’habitation peuvent influencer le risque d’IM et de récidive d’IM.

Ce travail, porté par le Pr Yves Cottin (CHU de Dijon) s’appuie sur les données épidémiologiques des IM, recueillies depuis 2001 dans le cadre de l’obseRvatoire des Infarctus de Côte d'Or (RICO), et sur la réalisation (en collaboration avec le CHU de Besançon) de cartes très précises de l’exposition environnementale à la pollution (atmosphérique et sonore) et de son évolution dans le temps, en zone urbaine (Dijon).

« On a déjà des arguments pour penser que même à des niveaux modestes de pollution, l’exposition aux particules fines est associée à un surrisque d’IM. On envisage d’étudier davantage cette association, en explorant également l’impact du bruit. En effet, le bruit influerait sur le système cardiovasculaire en favorisant notamment l’élévation de la pression artérielle, risque majeur d’IM. Cette étude originale analysera également le lieu d’habitation en fonction de la proximité d’un espace vert et d’une zone bleue (lac, cours d’eau, …) », précise le Pr Zeller. 

La réalisation de chacun de ces trois projets est prévue sur 2 à 3 ans. Affaires à suivre…

D’après la conférence de presse de la Fondation Cœur er Recherche, le 18 janvier 2018

Karelle Goutorbe

Source : lequotidiendumedecin.fr