Pollution atmosphérique

Un impact sanitaire et économique considérable

Publié le 17/03/2016
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Un travail collaboratif réalisé par l’INSERM, l’université Pierre et Marie Curie, le Centre de pneumologie de Cochin ainsi que la Fondation du souffle contre les maladies respiratoires (1) a permis d’estimer que le coût total de la pollution atmosphérique pour le système de soin français est compris entre 1 et 2 milliards d’euros par an. Soit 15 à 31 % du déficit 2012 de la branche maladie du régime général de la Sécurité sociale.

« Notre étude a tenté d’approcher au plus près les coûts de la part attribuable à la pollution de l’air dans le montant de prise en charge par le système de santé des maladies respiratoires les plus répandues, des hospitalisations pour ces pathologies, ainsi que des hospitalisations liées aux pathologies cardiovasculaires », indique le Dr Gilles Dixsaut, membre de la Fondation du souffle.

Ces coûts, tangibles, comprennent notamment ceux de consultations de généralistes, de traitements, d’examens ou encore d’hospitalisations. Pour chaque pathologie étudiée, l’étude a calculé les cas incidents (excepté pour le cancer du poumon, pour lequel les cas prévalents peuvent être pris en compte). « Notre calcul du coût total de la pollution atmosphérique pour l’Assurance-maladie est une valeur sous-estimée car notre étude n’a pas pu prendre en compte certains types de dépenses (non disponibles) tels que les coûts de transport pour les patients, les examens complémentaires ou encore les consultations de spécialistes », précise le Dr Dixsaut.

Un constat qui implique la prévention

L’évaluation du coût de la pollution atmosphérique a été réalisée, par pathologie, pour les nouveaux cas déclarés dans l’année ou (lorsque cela n’était pas possible) en affectant un pourcentage (la fraction attribuable à l’environnement) à l’ensemble des coûts annuels de prise en charge d’une pathologie par le système de soin. « Pour la BPCO, par exemple, nous savons qu’en 2009, il y a eu 40 763 nouveaux cas de patients ayant une BPCO sévère (admis en ALD) ; 64 740 (modérément sévères) ; 134 000 (modérés) et 239 782 (légers). Soit, au total, 479 500Ønouveaux cas de BPCO. Parmi ceux-ci, entre 47 900 et 72 000 sont attribuables à la pollution atmosphérique. Le coût pour le système de soin des BPCO attribuables à la pollution de l’air est, selon nos estimations, compris entre 123,7 et 186 millions d’euros », affirme le Dr Dixsaut.

D’après l’étude, le coût annuel pour le système de soin imputable à la pollution de l’air serait de 113,4 millions d’euros pour la bronchite chronique contre 170,4 millions d’euros pour la bronchite aiguë ; entre 315 et 1 102,4 millions d’euros pour l’asthme ; entre 87 et 249 millions d’euros pour les cancers respiratoires et 155 millions d’euros pour les hospitalisations respiratoires et cardiovasculaires. « Malgré ces coûts considérables, la politique de lutte contre la pollution de l’air n’est qu’un empilement de dispositifs hétérogènes dus à une gouvernance multicéphale (nationale, régionale…) fondée sur des stratégies court-termistes. Or, il faudrait miser davantage sur des actions de prévention au long cours, anticiper notamment les pics de pollution en traitant le problème de la pollution de fond », conclut le Dr Dixsaut.

D’après un entretien avec le Dr Gilles Dixsaut, membre de la Fondation du souffle

(1) Rafenberg C et al. Environnement, risques & santé, Vol.14 n° 2 (mars-avril 2015)

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Bilan spécialiste