IL AURA FALLU des mois de tergiversations pour que la coalition gouvernementale allemande se mette d’accord sur un projet de réforme de la santé, destiné à restaurer l’équilibre financier des caisses de maladies, qui présenteront à la fin de l’année un déficit de 4 milliards d’euros, puis de 11 milliards fin 2011, après plusieurs années d’excédents ou d’équilibre.
Toutefois, ce projet s’apparente plus à un plan d’économie qu’à une réforme de grande envergure. Et il illustre l’isolement du ministre libéral de la Santé, le Dr Philipp Rösler, dont la plupart des propositions ont été rejetées par les ministres chrétiens démocrates, membres du parti de la chancelière Angela Merkel. Alors que le Dr Rösler plaidait depuis son arrivée aux affaires pour une réforme du financement des caisses de maladie – qui aurait été assuré en grande partie par des forfaits individuels versés par les assurés –, cette idée a été définitivement abandonnée dans le projet arrêté.
Celui-ci prévoit, très classiquement… une hausse des cotisations de maladie versées par les employés et les employeurs, dont le taux maximal passera de 14,9 à 15,5 %. En outre, les hauts salaires devraient être plus fortement mis à contribution. Parallèlement, un certain nombre de mesures d’économies seront mises en place, avec notamment des baisses de prix des médicaments. Les nouveaux médicaments feront par ailleurs à l’avenir l’objet d’une fixation administrative des prix, basée sur leur efficacité, alors qu’ils étaient librement fixés jusqu’à présent. L’assurance-maladie devrait se désengager d’un certain nombre de prestations, dont la prise en charge des soins des automobilistes blessés dans un accident dont ils sont responsables, un peu à l’image des accidents de sport, déjà payés par les assurances personnelles. D’autres mesures devraient être annoncées, l’objectif étant, à l’horizon 2012, de diminuer les dépenses de 4 milliards d’euros et d’augmenter les recettes de 7 milliards.
Honoraires bloqués.
Les médecins devraient échapper aux baisses d’honoraires, mais pas à un nouveau blocage de ceux-ci, déjà très strictement encadrés à travers les enveloppes et les mesures d’activité. Paradoxalement, alors que le parti du Dr Rösler est au plus bas dans les sondages, et qu’un nombre croissant d’Allemands table sur un éclatement de la coalition dans les mois à venir, les médecins sont globalement satisfaits de ce jeune ministre médecin qui est parvenu à renouer le dialogue avec eux. Lors de leur récent congrès annuel, il s’est notamment engagé à alléger un certain nombre de contrôles administratifs et financiers mis en place par son prédécesseur, la socialiste Ulla Schmidt, qui fut leur bête noire pendant plusieurs années. Mais le corps médical ne constitue qu’une petite partie de l’opinion publique : s’il soutient le Dr Rösler, ce dernier n’en est pas moins devenu l’un des ministres les moins populaires du gouvernement, tant pour son style un peu maladroit que pour ses hésitations et, surtout… pour son appartenance au parti libéral, totalement discrédité dans le pays.
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