Soins bucco-dentaires aux personnes âgées dépendantes

Un programme lyonnais en pointe

Publié le 04/10/2011
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« C’EST UNE reconnaissance », indique le Dr Éric-Nicolas Bory, heureux d’avoir vu son équipe remporter ce prix, car « symboliquement, cela signifie que la santé buccale à désormais toute sa place dans le milieu médical ». Ce ne sont pas les 500 euros attribués, mais bien « d’avoir été primé pour l’originalité de l’action, une méthode rigoureuse et la qualité du service médical rendu » qui fait la fierté du président de l’association Santé orale, handicap, dépendance et vulnérabilité (SOHDEV). Son engagement remonte aux années 1990, quand cet ondotologiste s’était ému de constater combien les traitements bucco-dentaires étaient les parents pauvres des soins aux personnes âgées dépendantes et aux handicapés. Alors responsable du service d’odontologie du centre hospitalier du Vinatier à Bron, le Dr Bory décide en 1997 d’ouvrir son service aux personnes extérieures à l’établissement. En 2003, cette unité qui suivait 1 000 patients par an et en accueillait 2 000 en consultation, est récompensée par le premier prix Hélioscope 2003 décerné par la fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France.

Négligences.

Puis c’est la lecture de plusieurs études révélant certaines négligences quant à la santé bucco-dentaire des personnes âgées dépendantes institutionnalisées qui décide la SODHEV, associée au groupe Accueil et confort pour personnes âgées (ACPPA), et au réseau Santé bucco-dentaire & Handicap de Rhône-Alpes (SBDH-RA), de créer et d’évaluer un programme adapté aux besoins des personnes résidantes en EHPAD, dans le cadre de l’étude ÉSOPAD.

Les résidents ont ainsi bénéficié de 3 dépistages, 4 périodes de soins et d’un accès à un Centre Ressource Régional pour les soins complexes. Cette action n’était pas du luxe puisqu’il est apparu que 87 % des résidents avaient besoin de soins dentaires. Parmi les principales améliorations constatées, les auteurs notent une réduction de 32 % de l’Indice simplifié d’hygiène orale, une réduction de 21 % de la prévalence de la carie et de 42 % du nombre moyen de dents cariées par résident. La pertinence de ce programme met donc l’accent sur « la nécessité de sa généralisation à travers un réseau régional de correspondants en Santé Orale » estime le Dr Bory. Dans ce sens, il dit attendre une « décision » de la part de l’ARS Rhône-Alpes, mais également l’inscription de cette thématique au sein des actions prioritaires établies par la direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS).

* Dans le cadre d’une journée de travail organisée par l’Agence régionale de santé (ARS), la Haute Autorité de santé et le CEPPRAL, en lien avec l’Union régionale des professions de santé Médecins. Quatre autres prix ont été décernés : deux pour la qualité catégorie « soins hospitaliers » et deux pour la qualité catégorie « poster ».

C. F.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9017