La France en chef de file pour les OMD

Une année de tous les changements

Publié le 23/09/2010
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Crédit photo : AFP

« L’HORLOGE tourne, avec encore beaucoup à faire », a lancé le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki moon, à l’ouverture du sommet de New York consacré aux Objectifs du millénaire, qui visent en particulier à réduire la pauvreté dans le monde. « Malgré les obstacles et le scepticisme, malgré l’échéance de 2015, si proche, les Objectifs du millénaire pour le développement sont réalisables », a-t-il déclaré, invitant les chefs de gouvernement présents à faire leurs ces objectifs. « Envoyons un message d’espoir, tenons notre promesse », a-t-il ajouté.

1 milliard sur 3 ans.

En annonçant, lundi, que la France allait augmenter sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Nicolas Sarkozy a voulu se présenter comme le chef de file de la lutte contre ces trois fléaux et de l’aide au développement. La hausse annoncée devrait faire passer l’enveloppe annuelle de la France au Fonds de 300 à 360 millions d’euros soit 1,080 milliard d’euros (1,4 milliard de dollars) pour la période 2011-2013. « Nous sommes le deuxième donneur d’aide publique mondial : 10 milliards d’euros par an. Et nous avons pris la décision, alors que nous sommes le deuxième contributeur* au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, d’augmenter notre contribution de 20 % au cours des 3 prochaines années », a-t-il déclaré à la tribune, en souhaitant que les autres pays développer décident aussi de faire davantage. « Le Fonds prend en charge 2,5 millions de malades du sida. Si chaque pays suit notre exemple, ce sont 4 millions de malades du sida qui pourront être pris en charge. »

L’annonce du chef de l’État a été accueillie favorablement par les acteurs de la lutte contre le sida. Michèle Barzach, ancienne ministre de la Santé et présidente des Amis du Fonds mondial Europe, a estimé que « cet engagement de la France pourrait amener les donateurs hésitants à se joindre à l’effort français lors de la réunion de reconstitution des ressources du Fonds mondial qui se tiendra début octobre (4 et 5 octobre) aux Nations Unies ». Alors qu’il conviendrait d’apporter 17 milliards de dollars pour préserver la courbe de progression des financements octroyés ces deux dernières années et au moins 13 milliards pour assurer le maintien des programmes en cours, « bien des donateurs actuels hésitent ou renoncent à accroître leur soutien financier au Fonds mondial, voire envisagent un repli de leur contribution financière », a-t-elle indiqué.

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, qui s’est entretenu avec le chef de l’État et son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, ambassadrice de bonne volonté du Fonds, s’est félicité de ce « leadership audacieux ». Il a rappelé que près de 10 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde ont de toute urgence besoin d’un traitement. Investir dans la riposte contre le sida devrait, selon lui, avoir un impact positif global sur la santé et sur l’ensemble des OMD. L’année 2010 est, de ce point de vue, « une année pivot », a estimé pour sa part, Michel Kazatchkine, le directeur exécutif du Fonds. « C’est l’année où nous allons savoir si nous échouerons ou réussirons collectivement à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. »

Nouvelle gouvernance.

Le secrétaire général de l’ONU a lui aussi salué l’annonce française, qui démontre, selon lui « un leadership et une vision ». Nicolas Sarkozy a en effet appelé ses homologues à adopter sans délai une taxe universelle sur les transactions financières pour financer les OMD. « Nous n’y arriverons pas avec les seuls fonds publics », a-t-il précisé. Le chef de l’État a promis de promouvoir l’idée pendant l’année de sa future présidence du G20, qui débute le 12 novembre 2010, et du G8, le 1er janvier 2011, mais il a exhorté les gouvernements à prendre la décision dès maintenant. Soixante pays, dont la France, l’Allemagne, la Norvège, le Brésil ou le Chili sont favorables à cette taxe de 5 centimes d’euros sur 1 000 euros échangés tandis que d’autres, au premier rang desquels les États-Unis, y sont plutôt opposés. « Les financements innovants, la taxation des transactions financières, nous pouvons le décider, ici. Pourquoi attendre ? La finance s’est mondialisée. Au nom de quoi ne demanderions-nous pas à la finance de participer à la stabilisation du monde en prélevant sur chaque échange financier une taxation infime », a-t-il interrogé. En appelant à une « nouvelle gouvernance mondiale » et à une « plus grande solidarité », il a affirmé : « L’année qui vient, c’est l’année de tous les changements possibles. »

Avant sont intervention à la tribune, le chef de l’État a rencontré Angela Merckel, un entretien destiné à clore l’incident qui les avait opposé sur la question des Roms, Nicolas Sarkozy affirmant que l’Allemagne allait comme la France, procéder aux « évacuations de camps » très critiquées notamment en Europe avant un démenti immédiat de Berlin. « L’incident est clos », a déclaré un porte-parole de la chancelière allemande. À propos des OMD, la chancelière a plutôt insisté sur la bonne gouvernance dans les pays en développement : « L’aide au développement ne peut pas continuer indéfiniment. La tâche est donc d’utiliser des ressources limitées aussi efficacement que possible », a-t-elle souligné.

* Les États-Unis, premier donateur du Fonds mondial, versent chaque année 1,1 milliard de dollars.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8821