Vaccination « réactive » ou « en anneau » : des bénéfices, même en cas de couverture vaccinale élevée, selon une étude française

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Publié le 21/03/2022
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Crédit photo : PHANIE

Alors que se « confirme l’accélération de la circulation du Sars-CoV-2 sur le territoire », selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, et que se maintient une hésitation vaccinale, une étude de modélisation publiée dans « Nature Communications » évalue le potentiel d’une nouvelle stratégie de vaccination.

Mené à l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, ce travail s’est penché sur une approche dite « réactive », où la vaccination est proposée à l’entourage d’une personne infectée. La « vaccination en anneau » (« ring vaccination »), consistant à vacciner les contacts des cas confirmés et même les contacts des contacts, a déjà donné de bons résultats lors de certaines épidémies d’Ebola. L’approche a aussi été utilisée face à des vagues de méningite. Et, dans le contexte du Covid-19, à Strasbourg au sein de la Haute École des arts du Rhin (HEAR), « des créneaux de vaccination dédiés aux étudiants ont été créés suite à l'identification d'un cluster Delta », expliquent les auteurs.

Prévenir la transmission là où elle est active

L’étude a donc voulu quantifier le bénéfice d’une telle approche qui ciblerait les lieux de travail ou de scolarité (y compris universités) où des cas ont été détectés, avec l’idée de prévenir la transmission là où elle est active. Car la spécifié du Covid-19 étant d’entraîner des cas infectieux avant l’arrivée des symptômes (et souvent détectés après), l’enjeu est de vacciner un « réseau étendu de contacts » et ainsi espérer atteindre les contacts de contacts avant leur exposition au virus.

Plusieurs scénarios de couverture vaccinale et de niveau de circulation virale ont été explorés. Dans la plupart d’entre eux, « la vaccination réactive entraîne une réduction plus élevée des cas par rapport aux stratégies non réactives utilisant le même nombre de doses », résument les auteurs. Par exemple, avec une couverture vaccinale d’environ 45 % et dans le contexte d’une circulation virale élevée, une stratégie combinant vaccination de masse et vaccination « réactive » réduirait le nombre de cas de 10 à 16 % en deux mois (comparé à la seule vaccination de masse).

Cette stratégie se révèle efficace « surtout lorsqu’elle est couplée à d’autres mesures comme un traçage efficace des cas contacts », relève dans un communiqué Chiara Poletto, chercheuse à l’Inserm et dernière auteure de l’étude. Et, si l’impact est plus important face à une faible couverture vaccinale, l’approche a des vertus également dans le contexte français actuel où la campagne vaccinale peine à convaincre les hésitants. Les auteurs y voient une opportunité d’atteindre les non-vaccinés et de les convaincre. « Les personnes hésitantes à la vaccination sont plus susceptibles d'accepter la vaccination lorsque le risque perçu d'infection est supérieur », jugent-ils.

Une forme d’« aller vers »

Autre bénéfice de ces campagnes « réactives », elles pourraient permettre de s'attaquer également « aux inégalités d'accès aux soins de santé » et d’atteindre « une plus grande équité, car une recrudescence de cas peut survenir lorsque les personnes ont des difficultés à s'isoler en raison de la pauvreté et du surpeuplement ».

Ainsi, en cas de reprise épidémique liée à un variant, « la vaccination réactive pourrait mieux atténuer la propagation si elle est mise en œuvre rapidement, est soutenue par une stratégie "tester-tracer-isoler" améliorée et déclenche une augmentation de la couverture vaccinale », concluent les auteurs. Une condition essentielle de réussite de cette approche est bien son déploiement rapide « dès la détection du premier cas », insistent les auteurs, relevant que « la réduction relative [du nombre de cas, NDLR] est passée de 16 à 6 % lorsque les lieux de travail/écoles n'ont été vaccinés qu'après la détection de 5 cas ».

Pour l'heure, les pays où la vaccination est la plus avancée entament une campagne pour un 2e rappel, ciblant les plus vulnérables. En France, le gouvernement l'a ouverte en début de semaine dernière pour les personnes âgées de 80 ans et plus. En fin de semaine, la Haute Autorité de santé (HAS) proposait, dans un nouvel avis, de « rendre possible l’administration d’une seconde dose de rappel aux personnes de plus de 65 ans qui le souhaitent et qui sont soit à très haut risque de forme sévère de la maladie, soit polypathologiques ».


Source : lequotidiendumedecin.fr