« Oui, je suis favorable à l'interdiction des cigarettes électroniques "puffs", parce qu'elles amènent une partie jeune de notre population vers le tabagisme », a déclaré le ministre de la Santé au micro de France Inter ce 3 mai au sujet de ces dispositifs à usage unique, évoquant le fléau que représente le tabac, avec 75 000 décès par an.
Avec son packaging coloré, ses goûts acidulés et ses tarifs abordables (on en trouve à 8 euros), les puffs ciblent ostensiblement les adolescents, malgré leur interdiction aux mineurs et le fait qu'elles puissent contenir jusqu'à 20 mg/ml de nicotine. François Braun souhaite ainsi travailler avec les parlementaires sur leur interdiction, qui pourrait par exemple entrer dans le cadre du nouveau plan anti-tabac, prévu sur la période 2023-2028.
Les puffs sont apparus sur le marché français en 2021, et dès octobre 2022, l'ACT-Alliance contre le tabac diffusait les résultats d'une enquête réalisée en juillet de la même année avec l’institut de sondage BVA auprès de 400 adolescents de 13 à 16 ans (échantillon national représentatif). Cette enquête a montré qu'ils sont 13 % à avoir déjà testé la puff et 9 % à en avoir déjà acheté. Et parmi eux, 28 % ont commencé leur initiation à la nicotine à travers ce produit et 17 % se sont ensuite tournés vers une autre forme de produit de la nicotine ou du tabac, lit-on.
En février, c'est au tour de l'Académie de médecine de dénoncer « un piège pour les enfants et les adolescents ». « Discrète, elle est facile d’utilisation, y compris dans l’enceinte scolaire. Elle induit un phénomène de dépendance au geste de vapotage, qui peut représenter un nouveau mode d’entrée dans l’addiction à la cigarette, renforcée ensuite par l’usage de puffs contenant de la nicotine », écrit-elle. Comme l'ACT, l'Académie déplore également l'impact environnemental de ces dispositifs jetables, faits « de plastique avec une batterie au lithium ». La puff représente « un déchet toxique qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots jetés annuellement dans le monde », estime-t-elle.
Une aberration écologique et sanitaire
« Loin d’être un outil de sevrage tabagique, les cigarettes électroniques jetables représentent un danger environnemental et de santé publique qui nécessite au plus vite l’interdiction de leur commercialisation », écrit aussi un collectif d'une vingtaine de personnalités dans une tribune parue le 30 avril sur le site du « Monde ». Parmi les signataires, on trouve notamment, le président de l’ACT, la présidente de la Société francophone de tabacologie (SFT) et le président de Santé respiratoire France.
Selon ce collectif, plusieurs États membres de l’Union européenne ont déjà amorcé des processus d’interdiction spécifique, comme l'Allemagne, la Belgique ou l'Irlande. « La France doit impérativement suivre le même chemin », exhorte-t-il.
Une proposition de loi visant à interdire la cigarette électronique jetable a été déposée à l’Assemblée nationale en novembre 2022. « Il est maintenant essentiel qu’elle soit inscrite à l’ordre du jour pour qu’elle soit débattue dès cette année par la représentation nationale afin de mettre un terme à cette aberration écologique et sanitaire », estime le collectif.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce