VIH/SIDA : la campagne ciblée HSH dans les lieux publics aura bien lieu fin novembre

« Nous lancerons bien les 15 derniers jours de novembre, en amont de la journée mondiale de la lutte contre le sida le 1er décembre, une campagne à destination des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes) dans les centres-villes et dans 323 établissements gays », a confirmé au « Quotidien » le Pr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France et ancien vice président du conseil national du sida.

Une réponse ferme à une polémique naissante, autour d'une lettre ouverte adressée à la ministre de la Santé, et publiée par Libération, où l'association AIDES, au nom de plusieurs militants, associatifs, chercheurs, cliniciens, partageait son mauvais rêve : la censure pour des raisons électoralistes (alors que la manif pour tous redonne de la voix) d'une campagne ambitieuse au sein de la Cité, ciblant les HSH - une population particulièrement vulnérable. « Ce n'était qu'un rêve n'est-ce pas ? La campagne prévue de longue date par Santé publique France va bien avoir lieu dans son intégralité n'est-ce pas ? Nous sommes bien d'accord qu'il serait impensable de segmenter le dispositif en remettant "à plus tard" le volet grand public d'une campagne destinée aux HSH ? », ironisent les auteurs de la lettre.

Campagne centrée sur la prévention diversifiée

Le Pr Bourdillon éteint l'incendie : « Notre objectif, au sein de l'institut de veille sanitaire - avant la création de Santé publique France le 1er mai - était de construire une campagne de prévention, sur la base du rapport d'expertise du Pr Morlat » qui préconise la prévention ciblée,explique le DG de SPF (qui fut à la tête de la commission « dépistage et prévention » du dit rapport). « Nous avons donc mis en place un groupe de travail réunissant notamment universitaires et associatifs, les membres de "vers Paris sans sida" etc. pour déterminer les objectifs de cette campagne. Le cahier des charges retenu a été de promouvoir l'ensemble des outils de prévention », poursuit-il.

Selon le Pr Bourdillon, au sortir des discussions « où il n'y a eu aucune censure » et pas l'ombre de la manif pour tous, deux options étaient sur la table : 1/ une campagne ciblée HSH en novembre ; 2/ une campagne HSH en novembre, puis une seconde vague à destination des hétérosexuels en janvier - le temps que de nouveaux visuels soient fabriqués, ceux dédiés à la campagne ciblée étant déjà prêts. « La ministre a arbitré en faveur de la campagne ciblée HSH, en ville et dans les lieux communautaires, en novembre », et récusé son élargissement au grand public, résume le Pr Bourdillon. « Marisol Touraine a une vraie compréhension de ces enjeux », ajoute-t-il, rappelant qu'elle a dit oui à la PrEP en France.

La campagne de SPF pour la journée mondiale de lutte contre le VIH sera donc ciblée sur les HSH*, mais débordera les lieux communautaires. Mi-novembre, tout citoyen pourra voir les affiches portant ce message, « les situations varient, les modes de protection aussi. Sexe entre hommes : trouvez vos modes de protection sur sexeausafe », un nouveau site dédié aux HSH, à côté de Sidainfoservice.

Important de s'adresser largement aux HSH

Sans vouloir s'appesantir sur la lettre « qui n'est plus trop d'actualité », Aurélien Beaucamp, président de AIDES, se réjouit d'avoir eu la confirmation, de la part du ministère de la Santé ce 19 octobre au soir, que la campagne aurait bien lieu aussi dans l'espace public. « Beaucoup de HSH ne lisent pas la presse gay ni ne vont dans les lieux LGBT », rappelle-t-il. « Si on veut sensibiliser les 30 000 personnes séropositives qui ignorent leur statut sérologique, il faut cibler les HSH dans l'espace public », insiste-t-il.

*Autre population vulnérable, les migrants bénéficient également d'une prévention spécifique tout au long de l'année, à travers les radios écoutées par les différentes communautés et des prospectus, diffusés notamment chez les coiffeurs africains, précise SPF.