Comment convaincre et aider les médecins à questionner systématiquement leurs patientes pour mieux repérer les victimes de violence ? À l'occasion de la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, ce vendredi 25 novembre, la Haute Autorité de santé (HAS) publie un nouvel outil d'aide au repérage. Destinée aux médecins, cette fiche d'une page très synthétique leur sera diffusée le 24 novembre, via l'Assurance-maladie. « L'enjeu est de normaliser le sujet chez les professionnels de premier recours, au bénéfice d'une prise en charge plus précoce des femmes victimes de violences et de leur protection », explique la HAS.
Sur le fond : rien de nouveau par rapport aux recommandations de 2019, qui préconisaient déjà que la question des violences conjugales soit systématiquement posée lors du premier entretien médical. C'est sur la forme que des évolutions ont été apportées. Plus clair, le nouvel outil fait apparaître clairement les raisons d'un dépistage systématique : trois à quatre patientes sur dix sont concernées ; le généraliste est l'interlocuteur privilégié avant les forces de l'ordre et associations ; poser la question directement permet de dépister trois fois plus les violences ; celles-ci sont un risque à évaluer, indépendamment du milieu social.
L'outil propose des exemples de questions ouvertes permettant d'aborder le sujet, en invitant les médecins à les poser lors de l'anamnèse, en cas de grossesse ou de séparation. « Pour normaliser le sujet, vous pouvez préciser que vous abordez cette question avec toutes vos patientes », est-il précisé.
Enfin, des conseils sont donnés en cas de violence (écouter la patiente, en lui rappelant qu'elle peut porter plainte, compléter le dossier médical, proposer un accompagnement) et des pistes d'accompagnement médico-psychologique, social, et judiciaire sont mentionnés.
Les recommandations de 2019 très peu mises en pratique
Ce document a été testé auprès de 1 153 médecins volontaires, dans le cadre d'une étude randomisée. Celle-ci met en lumière une augmentation du nombre de femmes questionnées de 76 % dans le groupe de médecins ayant reçu les nouveaux outils, soit deux femmes de plus questionnées chaque semaine.
Déjà ça, alors que les médecins ne semblent guère s'être appropriés les précédentes recommandations de 2019. Selon une enquête barométrique menée par l'institut BVA pour la HAS en octobre 2022, seulement 3 % des 900 femmes interrogées ayant consulté un médecin généraliste au cours des 18 derniers mois se rappellent avoir été interrogées sur ce sujet.
Les obstacles à l'application de cette recommandation sont nombreux, analyse la HAS : méconnaissance de la recommandation elle-même, manque de formation (ampleur du problème, phénomène d'emprise…), crainte de dégrader la relation avec la patiente, sentiment d'impuissance… Pourtant plus de huit femmes sur dix estiment qu'il est important, légitime et rassurant que le médecin interroge ses patientes au sujet des violences, et 96 % considèrent qu'un questionnement systématique est une bonne chose.
La HAS organisera un webinaire sur le sujet des violences conjugales en 2023 et mesurera l'évolution de la mise en œuvre de ses recommandations en reproduisant régulièrement l'enquête barométrique BVA.
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