Le titre relève peut-être de la langue médicale. Mais s'il faut voir une métaphore médicale, c'est plutôt par l'usage du scalpel qu'utilise le professeur de philosophie Michaël Foessel afin de plonger dans les entrailles de l'année 1938, cette année maudite, à l'avant-garde de tous les renoncements à venir. Et comme l'auteur n'est pas historien, il a recours à l'instrument dont il possède la maîtrise, l'analyse des mots imprimés dans les journaux de l'époque pour repérer les tissus lésés, signes annonciateurs d'une France prête à abandonner ses principes démocratiques sous "le regard de Hitler". Le style pour autant n'a rien d'objectif, de scientifique. Loin du compte rendu ou du rapport, le "je" domine qui nous fait partager ses étonnements et le plus souvent ses écœurements. Ce livre écrit donc à la première personne du singulier a d'abord une vocation pédagogique, celle de tendre un miroir au lecteur d'aujourd'hui. Réflection et réflexion sur les ressemblances éventuelles entre le citoyen de 1938 et 2018, voire 2021. L'enjeu est bien aussi de nous offrir un retour d'expérience comme on ne le dit pas encore à l'époque. À la fin, domine le sentiment de sidération en 1940 comme en 2020 même si les conséquences ne sont pas, bien sûr, comparables. En tout cas, ce livre infuse une belle leçon de vigilance afin de pas être dupe des mots et concepts, ceux de 38 ou de 2021…
Récidive, 1938, Michaël Foessel, collection de poche quadrige, éd. PUF, 9 euros.
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