4 enfants sur 5 survivent plus de 20 ans après leur greffe de foie selon une étude française

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Publié le 15/04/2016

Une étude française confirme la bonne survie des enfants et adolescents après une greffe de foie : 79 % d'entre eux sont toujours en vie 20 ans après l'opération. Ces résultats ont été présentés le 14 avril lors d'une session consacrée à la génétique et aux pathologies pédiatriques hépatiques du Congrès international d'hépatologie qui se tient à Barcelone jusqu'au 17 avril.
« Il existait de données à très long terme. Nous savions seulement que la survie à dix ans était de l'ordre de 80 % », explique au « Quotidien », le Dr Josefina Martinelli, qui a mené cette étude au sein du service Hépatologie et transplantation hépatique pédiatrique des Hôpitaux universitaires Paris-Sud, Bicêtre (AP-HP). « La France est un des pays pionniers en ce qui concerne la greffe hépatique pédiatrique, complète le Pr Emmanuel Gonzales, pédiatre spécialisé en hépatologie pédiatriques à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, les premières opérations ont eu lieu en 1986, avant l'installation des premiers blocs chirurgicaux dédiés à la pédiatrie ».

100 opérations par an en France

Le Dr Martinelli et ses collègues ont rassemblé les données de 128 enfants opérés dans leur service entre 1988 et 1993, dont 80 à la suite d'une atrésie des voies biliaires qui constitue la principale indication de transplantation. Les autres pathologies de l'enfant pouvant déboucher sur une transplantation hépatique sont les cholestases d'origine génétiques (syndrome d'Alagille) ou non, les hépatites fulminantes, ainsi que certaines maladies métaboliques. Le bloc opératoire pédiatrique du Kremlin-Bicêtre concentre à lui seul environ 35 opérations de greffe de foie pédiatrique, sur la centaine pratiquées chaque année en France. Les jeunes patients de l'étude ont tous bénéficié d'un don de foie provenant de donneurs décédés. Dans 47 cas, il s'agissait d'une greffe de foie entier, dans 77 cas d'une greffe de foie réduit et, dans 4 cas, d'une transplantation de foie partagé, technique chirurgicale qui permet de transplanté un enfant et un adulte avec un unique foie cadavérique.

 

Un taux de survie de 79 % à 20 ans

 

L'âge moyen des patients était de deux ans et demi lors de l'opération. Les auteurs précisent que 12 enfants étaient en soin intensif au moment de la greffe, ce qui constitue « un marqueur de mauvais pronostic », note le Pr Gonzales. Au bout de 5 ans de suivi, la survie des patients était de 84 %, puis 82 % à 10 ans, 80 % à 15 ans et 79 % à 20 ans. Cent patients, sur les 128 de l'étude ont dépassé la barre des 20 ans de survie après transplantation. « Le gros des décès survient la première année, détaille le Pr Gonzales, c'est une période de vulnérabilité maximum du fait de la lourdeur de l'opération et du traitement immunosuppresseur qui est le plus intensif lors de cette période. » Le taux de survie du greffon en lui-même était de 73 % à 5 ans, et diminuait progressivement à 65 % à 20 ans. Ces patients ont été retransplantés. Les auteurs précisent que les complications les plus fréquentes sont les infections (59 % des greffés en ont souffert), et les phénomènes de rejets aigus (44 %) ou chroniques (37 %) du greffon.

 

Une survie mais avec des complications

 

Les taux d'alanine aminotransférases étaient anormaux chez 27 patients, dont 5 avaient un taux deux fois supérieur à la normale. Les gamma GT étaient anormaux chez 36 patients. Les auteurs précisent que 2 patients ont dû bénéficier d'une greffe de rein, et qu'un autre est actuellement sous dialyse. Par ailleurs, 20 patients souffrent d'hypertension artérielle. Enfin, 3 patients souffrent d'un diabète insulino-dépendant.

Si la survie des patients n'est pas dénuée de complications, ces dernières « n'impactent la qualité de vie que d'une minorité d'entre eux », tempère le Pr Gonzales. Les informations sur les transplantés les plus anciens laissent en effet entrevoir un niveau d'insertion sociale et professionnelle comparable à celui de la population générale. « Ces résultats sont un bon point de comparaison pour les futures cohortes, précise le Pr Gonzales, ce sont aussi des chiffres qui peuvent être utilisés pour discuter avec les familles, les progrès réalisés depuis 20 ans en termes d'immuno-suppression, de procédures chirurgicales et de recours aux donneurs vivants laissent supposer que les données de la survie des patients greffés ces dernières années sera meilleur. »


Source : lequotidiendumedecin.fr