4X4 flambant neuf, local, secrétaire… les petits cadeaux d’un village pour attirer un médecin

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Publié le 17/10/2015

Crédit photo : DR

Il faut sauver Labaroche. Ce petit village de moyenne montagne, situé en Alsace, tente depuis près d’un an d’attirer un généraliste salarié, sans succès. Ses 2 400 habitants ont pourtant mis toutes les chances de leurs côtés pour y parvenir.

Début octobre, les commerçants diffusaient avec l’accord de la municipalité une vidéo sur Youtube pour vanter les charmes des environs et l’infrastructure de la commune. L’heureux élu bénéficiera de conditions avantageuses : une secrétaire, une voiture de fonction, un 4X4 flambant neuf, un local loué aux frais de la mairie pendant deux ans puis par l’ASAM, l’association de soins et d’aides Mulhouse et environ. Le médecin percevra un salaire mensuel garanti de 4 500 euros.

Malgré tous ces efforts, les petites annonces parues dans la presse locale et dans les régions avoisinantes, Labaroche n’a toujours pas déniché son médecin. Une situation qui illustre les difficultés des zones rurales à recruter des praticiens. « Cela fait un an qu’on rame, reconnaît Denis Parmentier, secrétaire général de la mairie de Labaroche. On a eu quelques contacts mais qui n’ont rien donné. Il y a un mois, une jeune femme italienne est venue se renseigner. Au dernier moment, elle a reculé. »

Pourquoi autant de difficultés ? « C’est difficile à comprendre. La montagne, les conditions hivernales, peut-être ? Nous sommes pourtant à 15-20 minutes d’une grande ville, Colmar », répond Denis Parmentier.

Un médecin intermittent


Paradoxe, de nombreux médecins, généralistes et spécialistes, habitent au sein de la commune. Aucun n’a souhaité s’y installer. « L’un d’eux est bien venu nous voir récemment, explique Denis Parmentier. Il m’a dit texto : ”Moi, je ne veux pas que le week-end, on vienne taper à ma porte, qu’on vienne, le soir, me demander une consultation à toute heure !”. » Les médecins « à l’ancienne » dévoués corps et âme à leurs patients sont rares, remarque le secrétaire général de la mairie. « Ça se comprend, ils ont droit à une vie privée comme tout le monde. »

Il y a près d’un an, les Barochais pensaient bien tenir leur médecin. Une généraliste d’origine hongroise, travaillant auparavant en milieu hospitalier dans la région champenoise, s’est installée... avant de capituler après deux mois seulement d’exercice. « Elle ne s’est pas plu. Elle se sentait isolée… », précise, un peu dépité, Denis Parmentier.

Depuis, les villageois ne peuvent compter que sur un médecin intermittent, qui assurent des consultations trois fois par mois. « C’est insuffisant, s’alarme Denis Parmentier. Il nous faudrait deux médecins à temps plein. Et les généralistes alentours sont tous surbookés. » Pour sortir de l’impasse, la mairie compte s’adresser à des cabinets de recrutement spécialisés. Il lui faudra pour cela mettre une nouvelle fois la main à la poche.


Source : lequotidiendumedecin.fr