Anticoagulants et FA : malgré l'arrivée des AOD, l'observance thérapeutique reste insuffisante

Publié le 13/09/2018
Caillot sanguin

Caillot sanguin
Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

Malgré un maniement plus facile, les AOD (anticoagulants oraux d'action directe) ne font pas mieux que les AVK en matière d’adhésion au traitement anticoagulant, laquelle reste globalement très insuffisante en France. Telle est la conclusion décevante d’une étude de la CNAM diffusée ce jeudi.

Réalisé à partir des bases de données françaises Sniiram/ PMSI, ce travail a porté sur près de 35000 patients ayant débuté un traitement par anticoagulant pour une FA non valvulaire au premier semestre 2013. Les auteurs ont mesuré les taux d’arrêt et comparé les résultats des différents anticoagulants entre eux (warfarine, coumadine, fluindione, dabigatran ou rivaroxaban). Compte-tenu de la période d’inclusion, l’apixaban -qui n’était pas encore disponible en France à cette époque-, n’est pas concerné.

1 patient sur 5 arrête son traitement

Tous anticoagulants confondus, la fréquence des arrêts dans la première année suivant le début du traitement est élevée puisqu’un patient sur cinq stoppe son traitement pendant au moins 60 jours. Cette fréquence atteint même un patient sur trois si l'on inclut les sujets qui changent de classe thérapeutique.

Par ailleurs, « les résultats de la comparaison des taux d’arrêt entre nouveaux utilisateurs d’AOD et d’AVK suggèrent que l’adhésion au traitement AOD n’est pas meilleure qu’avec le traitement AVK » indique la CNAM dans un communiqué qui accompagne l’étude.

Compte tenue d’une utilisation facilitée pour les patients (suppression du suivi biologique régulier et schéma posologique fixe), « une amélioration de l’adhésion au traitement anticoagulant oral, souvent décrite comme insuffisante avec le traitement par AVK, était attendue avec les AOD » estime l'asurance maladie. Il semble finalement qu’il n’en soit rien...

Un suivi moins régulier

Pour les auteurs de l’étude, cette contre performance pourrait s’expliquer notamment par « un contact moins fréquent des patients avec le système de soins en l'absence de suivi INR » . Il est aussi probable que « des événements indésirables tel que les effets gastro-intestinaux rapportés avec le dabigatran aient joué un rôle ».

De façon plus générale, « cette étude montre que l’usage des anticoagulants oraux, chez les patients atteints de FA non valvulaire reste suboptimal en France ».

Or, on sait que l'efficacité des AOD, comme celle AVK, est subordonné à une prise régulière du traitement, du fait notamment d'une demie-vie courte. « Des données issues d'essais randomisés montre que la non-continuité du traitement est associé à un risque accru de thrombose artérielle » rapportent les auteurs.

Sensibiiser les prescripteurs

Face à ce constat, la Société française de cardiologie et la Cnam s’associent pour sensibiliser les prescripteurs. Elles rappellent que :

La fibrillation auriculaire est une maladie grave et la mortalité associée à sa principale complication, l’AVC, peut être en grande partie réduite par la prise d’anticoagulants oraux »;

L’adhésion optimale à ces traitements, obligatoire pour assurer leur pleine efficacité, doit ainsi être discutée avec les patients et régulièrement contrôlée, notamment chez ceux traités par AOD pour lesquels un suivi biologique n’est pas nécessaire  »,

Face aux patients ayant décidé d’arrêter de leur propre chef le traitement, une discussion doit être engagée pour comprendre les raisons d’arrêt incluant la recherche d’effets indésirables hémorragiques ou pas, et mettre en place des actions pour améliorer l’adhésion au traitement ».

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr