Si « Le Généraliste » était paru en 1914

Après prostatectomie, les facultés intellectuelles s'envolent-elles ?

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Publié le 09/03/2016
Histoire

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Dans un très attachant travail, le professeur Legueu s’est posé la question : qu’advient-il des facultés intellectuelles chez un individu qu’on a opéré d’une hypertrophie prostatique ? On a prétendu que des vieillards auraient vu, à la suite d’une prostatectomie, leur intelligence déchoir. Qu’y a-t-il de vrai dans cette assertion ? Des troubles mentaux ont été observés, l’éminent maître de Necker ne fait aucune difficulté d’en convenir ; mais, pour lui, il n’y a eu qu’une coïncidence : on avait opéré, dans ces cas, des sujets déjà mentalement affaiblis.

La prostatectomie aurait, au contraire, une « influence heureuse » qui se traduit par la récupération d’une lucidité perdue depuis plus ou moins longtemps. La rétention vésicale est la source d’une intoxication de l’organisme qui suffit à abrutir (le mot n’a rien d’excessif) le malheureux rétentionniste. « Drainez la vessie de ces malades par le cathétérisme, la cystotomie ou la prostatectomie et vous assisterez, d’après le professeur Legueu, à de véritables résurrections intellectuelles ». Cela tient à ce que, grâce à la méthode hypogastrique, on enlève l’adénome sans toucher aux canaux éjaculateurs ;  et, surtout, qu’on laisse la prostate à demeure. Or donc, si vous rencontrez parfois un prostatique prostatectomisé qui, fier de son état, vous dira : « la prostate ne sert à rien », apprenez-lui qu’il est toujours possesseur de sa prostate et que c’est peut-être grâce à elle qu’il conserve son activité, son intelligence et… tout le reste. »

(« La Chronique médicale », 1914)


Source : lequotidiendumedecin.fr