Dans un très attachant travail, le professeur Legueu s’est posé la question : qu’advient-il des facultés intellectuelles chez un individu qu’on a opéré d’une hypertrophie prostatique ? On a prétendu que des vieillards auraient vu, à la suite d’une prostatectomie, leur intelligence déchoir. Qu’y a-t-il de vrai dans cette assertion ? Des troubles mentaux ont été observés, l’éminent maître de Necker ne fait aucune difficulté d’en convenir ; mais, pour lui, il n’y a eu qu’une coïncidence : on avait opéré, dans ces cas, des sujets déjà mentalement affaiblis.
La prostatectomie aurait, au contraire, une « influence heureuse » qui se traduit par la récupération d’une lucidité perdue depuis plus ou moins longtemps. La rétention vésicale est la source d’une intoxication de l’organisme qui suffit à abrutir (le mot n’a rien d’excessif) le malheureux rétentionniste. « Drainez la vessie de ces malades par le cathétérisme, la cystotomie ou la prostatectomie et vous assisterez, d’après le professeur Legueu, à de véritables résurrections intellectuelles ». Cela tient à ce que, grâce à la méthode hypogastrique, on enlève l’adénome sans toucher aux canaux éjaculateurs ; et, surtout, qu’on laisse la prostate à demeure. Or donc, si vous rencontrez parfois un prostatique prostatectomisé qui, fier de son état, vous dira : « la prostate ne sert à rien », apprenez-lui qu’il est toujours possesseur de sa prostate et que c’est peut-être grâce à elle qu’il conserve son activité, son intelligence et… tout le reste. »
(« La Chronique médicale », 1914)
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature