Arnaud Desplechin, le théâtre un conte de fées ?

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Publié le 23/01/2020
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Crédit photo : © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française

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Crédit photo : © Simon Gosselin

Pour l'année de ses 60 ans, Arnaud Desplechin est célébré en même temps à la Comédie-Française et à l'Odéon. Faut-il privilégier au théâtre l'auteur et/ou le metteur en scène ? Si le cinéma est un art impur comme aime à le rappeler Arnaud Desplechin, le théâtre est un art cruel. Il exige un texte fort qui engage au-delà du moment du spectacle une représentation de l'époque, voire du monde. Et à ce jeu-là, le metteur en scène a tiré la plus belle des cartes, à la fois le roi et la reine avec ces Angels in America de Tony Kushner monté à la salle Richelieu. C'est une pièce-monde qui débarque à la Comédie-Française avec ses anges et démons, ses gays, rabbin, avocat vicié, mormons en voie d'assimilation, et fantômes de l'histoire à l'image d'Ethel Rosenberg. C'est un texte à choix multiples, politique, comique, tragique qui mélange les genres et les influences de Shakespeare au boulevard. C'est enfin pour Arnaud Desplechin le privilège de diriger une troupe exceptionnelle où se donnent à voir aussi bien un engagement d'un comédien rarement vu sur une scène, ici Clément Hervieu-Léger que des numéros d'acteurs saisissants, on ne révélera pas ici quel (le) comédien (ne) interprète le rôle du rabbin ou des moments d’émotion offerts par Jennifer Decker sans oublier la performance de Michel Vuillermoz et l'intensité de jeu de Jérémy Lopez. Au final, cette histoire pleine de bruit, de fureur et de mauvais goût offre des moments rares de théâtre dans la première partie du spectacle. Après l'entracte, Arnaud Desplechin surprend moins le spectateur en reprenant les mêmes motifs de mise en scène. Pour autant, le spectacle est magistral grâce à la qualité d'un texte qui certes accuse l'âge de son écriture, mais nous fait partager la fièvre d'une époque. Les anges pour un temps ont pris leur billet à la salle Richelieu.

Arnaud Desplechin, auteur de théâtre, ne connaît pas la même réussite. Ce Conte de Noël, à l'origine un film, nous fait partager les affres d'une famille qui se déchire au moment des fêtes de fin d'année. Mais le message ici n'a rien d'universel. Et la violence dans toutes ses dimensions qui traverse la pièce relève de la famille dysfonctionnelle. Entre récit intime et fiction reconstruite, le texte ici représenté ne décolle pas. Au cinéma comme au théâtre, le repas de famille qui se transforme en cauchemar est devenu un lieu commun. Julie Deliquet qui a choisi de monter ce texte s'est fait remarquer grâce à un travail tout en finesse de Tchekhov. Arnaud Desplechin, auteur qui préfère les règlements de comptes n'appartient pas à cette famille d'écrivains. Certes, le spectacle connaît un grand succès. Mais il s'efface rapidement de la mémoire. Était-ce une urgence absolue de mettre en scène ce texte ? On en doute… Le théâtre, on le confirme encore est bien cruel. Mais il réserve aussi des moments de grâce.

Angels in America de Tony Kushner, mise en scène d’Arnaud Desplechin, Comédie-Française, jusqu’au 27 mars 2020.
Un Conte de Noël, d’Arnaud Desplechin, mise en scène Julie Deliquet, Odéon, théâtre de l’Europe jusqu’au 2 février 2020.


Source : lequotidiendumedecin.fr