Le temps de la médecine
Quel que soit le mode de locomotion, train, avion, bateau, voiture, le voyage constitue toujours une période à risque pour un sujet souffrant d'asthme que celui-ci soit d'origine allergique ou pas.
Poussières, pollution, climatisation, changements de température, stress sont autant de facteurs favorisant le déclenchement d'une crise pendant le trajet. Raison de plus pour que l'asthme soit équilibré depuis deux semaines au moins au moment du départ. En effet, il n'est pas raisonnable de faire un long voyage (de plusieurs heures) le lendemain d'une crise d'asthme, même si celle-ci a cédé au traitement.
Le choix de la destination et de la résidence de vacances doit se fonder sur les expériences antérieures du patient et sur les circonstances de déclenchement de son asthme.
Un sujet allergique au pollen n'ira pas passer ses vacances à la campagne au printemps ou en été tandis qu'un allergique aux chevaux évitera de faire un stage d'équitation. Cela va de soi. D'autres situations à risque peuvent être moins évidentes : résidence secondaire peu aérée pleine d'acariens, pour l'allergique à la poussière, chambre d'un hôtel ouvert aux animaux domestiques dans laquelle un chien a séjourné la veille de l'arrivée d'un sujet allergique aux poils d'animaux, etc.
Il n'y a pas de lieu idéalement adapté au patient asthmatique. Néanmoins, la montagne constitue une destination relativement neutre entre 1 500 et 2 000 mètres. A ce niveau, il y a moins d'acariens et peu de problèmes respiratoires dus à l'altitude. Toutefois, tout est affaire de cas particulier ; et recommander à un sujet allergique au pollen un séjour estival à la montagne ne serait pas très raisonnable.
Le séjour au bord de la mer ne pose pas de problème particulier ; les mers chaudes et les côtes peu venteuses sont préférables. Les côtes de la Méditerranée sont donc a priori meilleures que celles de la Manche pour les patients asthmatiques.
Equilibrer l'asthme avant de partir est la meilleure garantie de passer un séjour tranquille. Cet équilibre ne se prépare pas la veille du départ. Une consultation médicale est donc recommandée deux semaines environ avant le voyage. Cette consultation est l'occasion de faire le point sur le nombre de crises dans les semaines précédentes, leur intensité, leurs facteurs déclenchants, leur sensibilité aux thérapeutiques, l'indication ou non d'instaurer un traitement de fond. Elle permet également de faire une prescription pour la durée des vacances, de donner avec précision la conduite à tenir en cas de crise aiguë, de revoir avec le patient les indices de gravité (une gêne respiratoire cédant aux bronchodilatateurs inhalés est à distinguer d'une crise vraie).
Des conseils simples
Des conseils simples donnés au cours de cette consultation peuvent permettre d'éviter que ce moment à risque ne se transforme en épreuve :
- penser à emporter non seulement ses médicaments, mais également ses prescriptions et les emballages des produits sur lesquels figurent les DCI ;
- dans l'avion, penser à mettre ses médicaments dans ses bagages à main de façon à en disposer en cas de crise pendant le trajet, mais également pour éviter de se retrouver sans traitement ni ordonnance pendant un séjour à l'étranger, si la valise restée en soute se perdait ; éviter de placer les médicaments en aérosol dans la valise placée en soute (risque de fuite si dépression) ;
- en voiture ou dans le train, se méfier de la climatisation et éviter une ventilation excessive et directe ; l'aérosol de poussière et d'air froid peut déclencher un bronchospasme. Dans les trains TGV ou Corail, il faut éviter les places côté de la fenêtre en raison du système de climatisation ;
- penser à prendre une assurance rapatriement en cas de voyage à l'étranger et/ou vérifier que d'éventuels soins médicaux seront pris en charge à l'étranger.
Sur place, il faut savoir adapter son style de vie à sa condition respiratoire.
Pour tout renseignement, les patients peuvent appeler l'association Asthme et Allergies, tél. 0800.19.20.21.
L'enfant seul sans ses parents
Les mêmes recommandations valent pour l'enfant partant seul. Un schéma thérapeutique strict et précis sera expliqué à l'enfant et consigné clairement par écrit. Toute crise vraie doit conduire à une consultation médicale systématique après administration du traitement initial (en général bêta-mimétiques en inhalateurs et corticoïdes).
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