Alimentation des seniors

Bien se nourrir pour bien vieillir !

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Publié le 04/06/2018
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Crédit photo : PHANIE

« Mange ta soupe si tu veux grandir ! » : tous les enfants entendent cette sommation ! Puis la recommandation du Programme National Nutrition Santé : « Pour votre santé, mangez cinq fruits et légumes par jour » accompagne la croissance et la vie d’adulte. Mais se préoccupe-t-on suffisamment de l’hygiène alimentaire des séniors ?

Le profil des séniors est varié. Il y a ceux qui, à 65 ans, ont un mental et un physique encore très jeune. Leur vie sociale est riche, ils sont en bonne santé, actifs, sportifs. Et ceux pour qui la vie commence à ralentir doucement mais sûrement.

Pour le Pr Agathe Raynaud Simon, « maigrir en vieillissant n’est pas une fatalité, ce n’est pas normal et cela a des conséquences en termes de dépendance et de pronostic vital ». À quel moment s’inquiéter d’une perte de poids ? Selon l’étude SENECA (1), à partir de 5 kg perdus sur 5 ans, une personne âgée a davantage de risque de mourir dans les 5 ans à venir.

Stimuler le patient dénutri

« La dénutrition chez la personne âgée est gérable et traitable », insiste le Pr Raynaud Simon. Dans un premier temps il convient d’identifier les facteurs de cet amaigrissement : dépression, ulcère, pathologie cardiaque, cancer ? Si rien n’apparaît, sensibiliser le patient et lui faire comprendre qu’une meilleure alimentation lui redonnera du tonus physique et moral. La personne âgée est généralement réceptive et reprend de l’appétit.

Ensuite, s’assurer qu’elle se nourrit bien au moins trois fois par jour et boit assez. Son petit-déjeuner est souvent trop léger. Un café et une biscotte ne suffisent pas. Il faut du pain, du beurre, de la confiture, un laitage. Son déjeuner est d’ordinaire plus solide mais manque souvent de fromage. Et pour le dîner elle n’a clairement plus d’appétit… Et pourtant non, une soupe ne suffit pas ! Notons que les séniors ont un besoin supplémentaire en protéines, moins bien assimilées avec l’âge. Si (souvent pour des raisons dentaires) un bon gros steak la rebute, l’encourager à manger du jambon, du saucisson, des sardines, du poisson, des œufs.

De manière plus générale et pour éviter une perte musculaire trop importante, il est indispensable quand c’est possible de « toujours rechercher une activité physique : escaliers, promenade quotidienne », rappelle le Pr Raynaud Simon.

Si la perte de poids persiste, introduire des collations dans la journée (milieu de matinée, milieu d’après-midi). Sur ce point le Pr Raynaud Simon souligne « l’importance de laisser la personne choisir ce qu’elle a envie de manger : il est indispensable qu’elle ne se sente pas dépossédée de ses habitudes alimentaires ».

Parallèlement à ce fléau souvent sous-estimé de la dénutrition, l’obésité des personnes âgées constitue un problème de santé publique. Elle aggrave les risques de diabète, hypertension artérielle, maladie cardio-vasculaire, arthrose… Sans parler de l’isolement social qu’elle entraîne. Pour prévenir ce risque, pas de recette miracle : le surpoids ne se combat qu’à l’aide d’un régime adapté. Le Pr Raynaud Simon note d’ailleurs combien « l’aide des diététiciens est précieuse dans tous ces types de déséquilibres alimentaires » et regrette que les consultations en ville ne soient pas remboursées. Une bonne alimentation chez les séniors mérite une réelle attention. Il a clairement été démontré qu’elle offrait un meilleur vieillissement tant sur le plan physique que cognitif.

(1) de Groot LC et al., J Gerontol Med Sci 2004; 59(12):1277-84.

Marion Rannou Pahun

Source : Le Quotidien du médecin: 9670