Le temps de la médecine
« Le passage du cap de l'adolescence est particulièrement crucial chez des enfants atteints de maladies chroniques. En effet, outre les modifications hormonales, corporelles et psychologiques inhérente à cette tranche d'âge, la gestion de la pathologie s'accompagne le plus souvent d'un sentiment de révolte vis-à-vis de la différence », analyse le Dr Barthélémy.
Deux attitudes sont fréquemment rapportées par les diabétologues. Le diabétique, se sentant plus fort que la maladie, va tenter de suspendre son traitement par insuline et les comas hyperglycémiques restent l'une des causes les plus fréquentes d'hospitalisation à cet âge. L'attitude inverse est aussi possible : en s'appropriant le traitement, un risque d'hypoglycémie artificiellement déclenchée par surdosage en insuline peut aussi se rencontrer. « Dans ces deux cas, le comportement de l'adolescent entre dans le cadre d'un besoin d'expérience individuelle et les médecins qui s'occupent d'adolescents diabétiques doivent garder à l'esprit que ces complications sont habituelles dans cette affection comme dans toutes les pathologies chroniques », analyse le Dr Barthélémy.
La période des vacances est souvent propice à une remise en question de l'attitude individuelle vis-à-vis de la maladie. Durant l'année scolaire, les jeunes se plaignent de « la représentation très pesante de leur maladie » : avant le repas, ils doivent consacrer un temps à leur surveillance glycémique et à l'injection d'insuline ; au moment des cours de sport, le risque d'hypoglycémie est toujours présent ; enfin, la question du partage du diagnostic avec les camarades de classe se pose de façon aiguë car c'est au jeune - et non plus à sa famille - de décider s'il souhaite faire connaître sa maladie. « Les camps de vacances pour adolescents leur permettent de se retrouver exclusivement entre jeunes. C'est l'occasion de constater que, à pathologie similaire, certains vivent mieux et d'autres moins bien qu'eux. Les échanges qui ont lieu pendant les périodes de vacances - et qui parfois se poursuivent tout au long de l'année scolaire par le biais des associations - représentent une aide précieuse : les jeunes se sentent ainsi moins seuls car ils sont entourés de personnes qui les comprennent de façon "évidente" ». Pour le Dr Barthélémy, « il ne s'agit pas d'une ghettoïsation mais plutôt de permettre à des jeunes d'apprendre à s'autonomiser dans un cadre d'échanges qui leur permet de vivre au mieux leur maladie et de poursuivre au mieux leur année scolaire ».
AJD (Aide aux jeunes diabétiques), 17, rue Gazan, 75014 Paris, tél. 01.44.16.89.89.
AFD (Associations française des diabétiques), 58, rue Alexandre Dumas, 75544 Paris Cedex 11, tél. 01.40.09.24.25, www.afd.asso.fr.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature