Congrès-Hebdo
Une estimation nationale de l'incidence des cancers colo-rectaux a été réalisée à partir des registres de douze départements répartis sur le territoire. Entre 1980 et 2000, le nombre de cas annuels est passé de 24 000 à 36 300, une augmentation de plus de 50 %, qui touche aussi bien les femmes que les hommes, même si la fréquence est légèrement supérieure dans le sexe masculin. Ce cancer est rare avant la cinquantaine. L'incidence n'est que de 6 % avant 50 ans et augmente ensuite rapidement.
C'est d'ailleurs le vieillissement de la population qui explique en grande partie cette progression. Si l'on prend en compte l'impact de l'âge sur cette évolution, l'augmentation relative de l'incidence n'est plus que de 13 %. Plusieurs facteurs liés à l'environnement et aux modifications des modes de vie jouent un rôle.
La sédentarité et les apports caloriques excessifs sont les deux principaux facteurs clairement incriminés. A l'inverse, les légumes jouent un rôle protecteur. On sait que l'adoption par les Japonais d'habitudes alimentaires occidentales explique l'augmentation importante des cancers colo-rectaux : en vingt ans, ce pays, qui avait l'un des plus faibles taux, a rejoint les pays où l'incidence est la plus élevée, c'est-à-dire l'Amérique du Nord, l'Europe de l'Ouest et l'Australie. A l'exception du Japon, l'incidence reste faible dans les autres pays asiatiques, comme en Amérique du Sud et, surtout, en Afrique.
Il n'est jamais trop tard pour prévenir
Il faut insister sur ces facteurs environnementaux, car des modifications favorables ont un impact direct sur le risque. En effet, ils interviennent dans la phase finale de la carcinogenèse, c'est-à-dire au niveau de la transformation maligne des polypes. Reprendre une activité physique, diminuer les apports caloriques, consommer plus de légumes : ces mesures peuvent, même après 50 ans, réduire la probabilité de survenue d'un cancer colo-rectal. Les efforts de prévention doivent donc être poursuivis et développés.
Si les cancers colo-rectaux et les cancers du foie (voir encadré) sont en nette augmentation, les cancers de l'estomac et de l'sophage sont en baisse. Le nombre de cas annuels de tumeur gastrique maligne est passé de 10 000 à 7 000 au cours des vingt dernières années. Le recul est moins important pour les cancers de l'sophage, dont le nombre de nouveaux cas est de 5 500 à 5 000 par an, ce qui correspond néanmoins à une diminution de 10 %. Autre ombre au tableau : une augmentation importante des cancers du pancréas : de 2 800 à 5 000 cas par an sur une même période.
D'après un entretien avec le Pr Jean Faivre, président de la Fédération francophone de cancérologie digestive.
Cancer du foie : l'alerte
L'augmentation de l'incidence des cancers du foie est spectaculaire. Leur nombre est passé de 2 000, en 1980, à 6 000, en 2000. C'est aujourd'hui le deuxième cancer le plus fréquent chez les sujets de sexe masculin, après le cancer colo-rectal. Ces tumeurs touchent essentiellement les hommes, avec un sex-ratio de 5/1. Cette progression est liée à deux éléments : une meilleure prise en charge des cirrhoses alcooliques et, donc, un risque accru de développer un cancer ultérieurement, et une augmentation des cirrhoses d'origine virale. En outre, l'association d'une infection chronique par le virus de l'hépatite B, et surtout par celui de l'hépatite C, et d'une consommation abusive d'alcool accroît de façon très importante le risque de cirrhose et de cancer du foie. Donc, en ce qui concerne les cancers hépatiques, la progression n'est pas tellement due au vieillissement de la population, comme dans le cas des cancers colo-rectaux, mais à des modifications épidémiologiques. En outre, à noter des disparités régionales : ces cancers sont plus fréquents dans le nord de l'Hexagone que dans le sud.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature