À 50 ans, la liste des dépistages de cancers s’allonge pour les femmes, ceux du sein mais aussi du colon venant rejoindre celui du col de l’utérus. Alors que ces programmes peinent encore à convaincre, celui du cancer du poumon pourrait s’y ajouter d’ici quelques années. Après de longues années de tergiversations, le dépistage organisé du cancer bronchopulmonaire, dont plus personne ne remet en cause le bien-fondé en matière de vies sauvées, est en effet dans les tuyaux et une expérimentation nationale vient de débuter pour en définir les modalités. L’idée : proposer à partir de 50 ans un dépistage par scanners basse dose réguliers ciblé sur les gros fumeurs.
Une démarche dont les femmes pourraient alors que le nombre de cancers bronchopulmonaires féminins connaît une augmentation exponentielle. Selon l’étude KBP-CPHG 2020 parue début 2022, ceux-ci représentent désormais plus d’un tiers (34,6 %) de l’ensemble des cas de cancers pulmonaires, contre 16 % en 2000 et 24 % en 2010.
« Le dépistage systématique serait encore plus intéressant chez les femmes à risque (fumeuses, principalement) en comparaison des hommes, argumente le Pr Julien Mazières, pneumologue (hôpital Larrey, CHU de Toulouse), car on ne songe pas encore suffisamment à elles lorsque l’on pense “cancer du poumon” ». Le dépistage réglerait cette injustice.
Un autre intérêt du dépistage chez les femmes est lié au fait qu’elles présentent plus fréquemment que les hommes une addiction oncogénique, c’est-à-dire qu’elles développent plus souvent des cancers bronchiques dus à une mutation génétique unique, portant par exemple sur les gènes EGFR, BRAF, HER2… Or ces anomalies génétiques sont autant d’indications potentielles aux thérapies ciblées, comme le géfitinib, l’erlotinib, l’afatinib et plus récemment l’osimertinib pour les mutations de l’EGFR. Les dépister tôt, c’est donc mettre toutes les chances de leur côté, du fait de cancers plus souvent éligibles aux thérapies ciblées. « Ceci alors même que l’efficacité de ces thérapies ciblées semble un peu meilleure – sans explications définitives – chez la femme », ajoute le Pr Mazières.
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