Depuis 35 ans qu’il exerce, le Dr Krishna Clough n’a qu’une ambition : réparer les femmes et les protéger pendant leur traversée du cancer. L’interne en gynécologie, qui suivait en parallèle un cursus de chirurgie générale, a trouvé sa voie lors d’un stage à l’institut Curie. En un temps où « l’on abordait les maladies du sein à la toute fin du programme de médecine » et où « la conservation du sein ou la réparation sophistiquée n’étaient pas très poussées », il a pris la décision, inédite à l’époque, de se former à la chirurgie plastique. D'abord à Curie, puis en 1989 à Atlanta, d’où tous les grands papiers sur la reconstruction du sein sont sortis. Avec une obsession : « faire de la chirurgie du cancer à moindre mutilation ».
Un « accident de la vie »
Mutiler le moins possible, c’est aussi le fil directeur de son livre, qui s’adresse avec beaucoup d’humanité aux femmes pour les rassurer. Cet ouvrage très accessible se destine aussi largement à l'entourage et aux professionnels de santé qui les accompagnent. Lorsque l’on est touchée par un cancer du sein, le bistouri n’est pas le seul vecteur de blessure, souligne l’oncoplasticien, qui a ouvert en 2005 l’Institut du sein Paris. À 60 ans, révolté, il pourfend tous les discours ambiants qui contribuent à faire culpabiliser les patientes, les épuisant dans la recherche obsédante d’un « pourquoi moi ? » à un moment où elles ont juste besoin d’être soutenues pour garder leurs forces.
L’utilité du dépistage ? Mille fois oui : « Je suis tout autant terrifié par les femmes qui ne le font pas que par les personnes qui ne mettent pas leur ceinture de sécurité. » Mais l’urgence à se faire opérer, sans avoir pris le temps de digérer et de choisir son équipe, non. « C’est une réalité : le cancer du sein, à de rares exceptions près, n’est pas une maladie urgente à un mois près », observe le chirurgien.
Pas de cancers sans tabac, alcool ou obésité ? « Des études passionnantes montrent en effet que plus de 30 % des cancers seraient évitables parce qu’essentiellement liés à de mauvaises habitudes de vie », et c’est le message préventif de l’INCA. Mais dans 93 % des cas, une fois exclus les cancers génétiques, on n’en connaît pas la cause exacte. « Le cancer est un accident possible de la vie », insiste le Dr Clough. L'auteur dénonce les gourous modernes qui l'associent sans aucun fondement scientifique à la pilule, au déodorant à l’aluminium, au stress, à un divorce ou deuil mal digéré, ou encore à une alimentation trop sucrée.
Confidences et vérités sur le cancer du sein, éditions Larousse, 150 pages, 14,95 euros.
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