Congrès ESMO 2017

Cancers gastriques, tête et cou, vessie, le pembrolizumab à l'attaque de nouvelles indications

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Publié le 14/09/2017
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En France, le pembrolizumab (commercialisé sous le nom de Keytruda) dispose d'une AMM dans 2 indications : le traitement du mélanome avancé non résécable ou métastatique et le cancer du poumon non à petites cellules positif pour PD-L1 localement avancés ou métastatiques.

Les résultats présentés le session « Late Breaking » du congrès annuel de la société européenne d'oncologie médical (ESMO) qui s'est achevé mardi à Madrid semble indique que le cancer gastrique et le cancer tête et cou pourraient aussi faire partie de ses indications.

Concernant le cancer gastrique, le Dr Zev Wainberg (université de Californie à Los Angeles) a présenté les résultats de l'étude de phase II KEYNOTE-059 menés sur 315 patients atteints d'un cancer gastrique métastatique PD-1 +. Ces patients ont été rassemblés en 3 cohortes. La première est forte de 259 patients traités par l'inhibiteur de PD-L1 pembrolizumab en deuxième ou troisième ligne. La deuxième cohorte comprend 25 patients traités en première ligne par une association de pembrolizumab et de chimiothérapie. Enfin, un dernier groupe de 31 patients nouvellement diagnostiqués s'est vu proposer le pembrolizumab seul en première intention.

Une réponse plus élevée chez les PDL-1 +

Après un suivi médian de 6 mois, les auteurs ont calculé un taux de réponse au traitement de 12 % dans la première cohorte (pembrolizumab en seconde ligne). Au sein de ce groupe, les patients dont les cellules tumorales expriment PD-L1 bénéficiait d'un taux de réponse au traitement significativement plus élevé : 16 %. Des événements indésirables de grade 3 à 5 sont survenus chez 18 % des patients, et 3 % ont dû stopper leur traitement. Dans la deuxième cohorte (pembrolizumab + chimiothérapie en première intention), la réponse au traitement est de 60 % (73 % chez les PD-L1 positifs, 38 % chez les autres). Dans la 3e cohorte (pembrolizumab seul en première intention), la réponse au traitement est cette fois de 23 %.

« Il n'y a actuellement pas de traitement 2e ou 3e ligne de référence pour les cancers gastriques métastatiques », le Dr Ian Chau, oncologiste médical à l'hôpital Royal Marsden de Londres. « Les résultats de la première cohorte de l'étude KEYNOTE-059 confirment les résultats précédemment observés avec le nivolumab chez les patients asiatiques recrutés dans l'étude ONO-4538. » Le Dr Chau note toutefois que le bon profil de sécurité observé au cours de l'étude KEYNOTE-059 peut s'expliquer par le fait que les patients n'ont pas été longtemps exposés au traitement.

Cancer tête et cou

Le Dr Ezra Cohen, de l'université du centre de cancérologie Moores de San Diego a, quant à lui, présenté les résultats de l'essai randomisé Keynote-040 sur 495 patients traités pour un cancer de la tête et du cou. Les résultats y sont un peu moins probants, avec une augmentation de 19 % de la survie globale en dessous des attentes des auteurs, mais toutefois statistiquement significative comparés au traitement standart (méthotrexate, docétaxel ou cétuximab).

La survie globale des patients du groupe pembrolizumab était de 8,4 mois, contre 7,1 mois dans le groupe chimiothérapie. Selon le Dr Amanda Psyrri, de l'école médicale de l'université d'Athènes, « l'étude Keynote-40 n'a pas atteint son critère primaire d'efficacité, mais le pembrolizumab s'est révélé moins toxique que tous les autres comparateurs ».

Efficacité confirmée à long terme dans le cancer du poumon

Le même jour, le Dr Hussein Borghaie, directeur du département d'oncologie thoracique médicale du Fox Chase Cancer Centre de Philadelphie, et ses collègues, a confirmé l’intérêt du pembrolizumab dans l'indication du cancer du poumon non à petites cellules, avec les résultats obtenus auprès de plus de 24 mois de suivi.

Pour la première fois, les investigateurs ont été en mesure de mesurer une amélioration de la survie globale chez 50 patients traités par une association de pembrolizumab, de pémétrexed et de carboplatine, comparés aux 42 patients traités par pémétrexed/carboplatine seuls. Au bout de 2 ans, plus de la moitié des patients du groupe pémétrexed/carboplatine sont décédés, ce qui permet aux auteurs de calculer la médiane de survie de ce groupe depuis l'initiation du traitement : 20,9 mois.

Environ 60 % des patients prenant le pembrolizumab en plus du pémétrexed et du carboplatine sont encore vivants. La médiane de survie globale ne peut donc pas être calculée, mais les auteurs sont déjà assurés qu'elle sera significativement plus élevée que dans le groupe témoin.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9601