Congrès-Hebdo
Deux groupes de tumeurs coliques sont actuellement bien identifiés selon la présence ou non d'une instabilité des loci microsatellitaires (des séquences répétées mono-, tri- ou tétranucléotidiques, généralement non codantes, réparties dans l'ensemble du génome). Une instabilité dans ces séquences traduit un défaut du système de réparation de l'ADN. On sait actuellement que les tumeurs coliques des malades ayant cette instabilité microsatellitaire sont peu différenciées, ont une composante colloïde muqueuse importante et sont localisées en amont de l'angle gauche. En outre, le pronostic de ces tumeurs semble meilleur, à stade égal, que celui des tumeurs ne présentant pas cette instabilité microsatellitaire (tumeurs stables). Comme l'explique le Dr Pierre Laurent-Puig, service de chirurgie digestive et oncologique, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris, « il semblait intéressant de savoir si la caractérisation de l'instabilité des microsatellites peut être utile comme marqueur moléculaire prédictif du bénéfice d'une chimiothérapie adjuvante. Ce qui a été possible grâce à une étude internationale regroupant 570 patients présentant des cancers coliques de stade 2 et 3. Ces patients ont été inclus dans des protocoles de chimiothérapies adjuvantes comparant l'effet d'une chimiothérapie postopératoire à base de 5FU à la chirurgie seule ».
L'intérêt de la détermination d'un phénotype instable
Les résultats montrent que 16,7 % des tumeurs testées présentent cette instabilité microsatellitaire et que, dans ce cas, le pronostic global est meilleur. Cette notion était déjà connue, mais la nouveauté réside dans le fait que les patients traités par chimiothérapie ne semblent pas en tirer bénéfice s'ils présentent cette instabilité microsatellitaire et qu'elle serait peut-être même délétère. La chimiothérapie a au contraire un effet favorable en l'absence de ce caractère. A noter que les résultats de ce travail vont à l'encontre d'autres publications ayant rapporté des résultats contraires dans le cadre d'études rétrospectives. Mais souligne le Dr Laurent-Puig, « cette récente étude menée avec des malades inclus dans des protocoles a l'avantage d'être moins biaisée que dans les études rétrospectives ». Ces résultats laissent donc penser que la détermination d'un phénotype instable pourrait avoir un intérêt pour cibler une population bénéficiaire d'une chimiothérapie adjuvante.
D'après un entretien avec le Dr Pierre Laurent-Puig, service de chirurgie digestive et oncologique, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
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