Pourquoi la santé publique aurait-elle un lien direct avec la confiance dans la démocratie ? Le livre de Daniel Benamouzig et Joan Cortinas Munoz apporte à cette interrogation une réponse simple en prenant l’exemple de l’industrie agroalimentaire. C’est en révélant les processus complexes d’influence déployés par ces entreprises et leurs représentants en contradiction avec les principes de santé publique que l’on peut dépasser les accusations de corruption ou de collusion des politiques avec des intérêts privés. Le « tous pourris » mine la démocratie. Mais n’épuise guère la compréhension d’une situation complexe. D’où le recours à la profondeur de champ. Certes des liens, des conflits d’intérêts sont révélés lors d’enquêtes journalistiques. Mais l’essentiel est ailleurs, par des dispositifs de différentes natures, souvent invisibles qui pèsent sur la décision politique. On retrouve là le concept de champ organisationnel au cœur d’un ouvrage collectif (voir ci-contre) élaboré par les membres du Centre de sociologie des organisations qui est ici décliné en travaux pratiques. Ce champ fait ici l’objet d’une fine analyse en entrecroisant enquête et entretiens. En conclusion, les auteurs suggèrent d’encadrer réglementairement les pratiques d’influences mises en œuvre par les industriels de l’agroalimentaire afin d’en limiter les effets. Seront-ils entendus par les décideurs, à froid ? Ou faudra-t-il la survenue d’une crise majeure pour les inciter à suivre l’ordonnance prescrite ?
Des lobbys au menu, les entreprises agro-alimentaires contre la santé publique, Daniel Benamouzig et Joan Cortinas Munoz, Raison d’agir éditions, 176 pages, 9 euros, 2022.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature