Chronique à prescrire

Conseils d’un hyperactif pour apprivoiser le TDAH

Publié le 26/02/2021
Article réservé aux abonnés
Journaliste et animateur de télévision et à la Radio télévision belge francophone (RTBF), Adrien Devyver a pris la plume pour témoigner du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité qui lui a été diagnostiqué tardivement. Dans On m’appelle la Tornade, le quadragénaire transmet astuces personnelles et conseils d’experts de la santé pour aider les personnes touchées, ainsi que leurs proches, à gérer ce trouble très invalidant. Un livre à conseiller à vos patients en souffrance.

«Attitude bruyante et fatigante », « Répond aux professeurs », « Génère une énergie négative qui nuit aux autres »... À l’école, les bulletins de notes de Adrien Devyver ont été ponctués de remontrances plus douloureuses les unes que les autres. Ce n’est pourtant qu’en 2015, à l’âge de 34 ans, que lui a été diagnostiqué un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Dans On m’appelle la Tornade, le journaliste belge revient sur son parcours semé d’embûches avec l’objectif de donner aux personnes souffrant du même mal des pistes pour l’accepter, l’apprivoiser et le gérer au quotidien.

Scolarité chaotique et mal-être profond

À travers ses souvenirs et le portrait que son entourage fait de lui, ressortent les difficultés inhérentes aux personnes qui souffrent de TDAH : difficultés d’apprentissage, décrochage scolaire, impulsivité, problèmes de concentration, agitation, ou encore difficulté à trouver sa voie professionnelle. En outre, ces patients, dont la personnalité exige énormément d’attention et de patience, épuisent et désespèrent souvent les familles.
L’auteur, âgé de 40 ans, revient bien sûr sur sa scolarité, devenue de plus en plus chaotique au fil du temps. À l’adolescence, il perturbe régulièrement la classe et se montre impertinent avec les enseignants. Et si ces derniers voient juste en l’élève dissipé une source d’agacement et de stress, Adrien souffre profondément de ne pas être aidé ni compris. Son mal-être perdure à l’âge adulte mais le jeune homme apprend, par la force des choses, à « maîtriser l’ouragan qui se déchaîne fréquemment dans (sa) tête » et à trouver des méthodes pour « évacuer (ses) surplus d’énergie ».

Les conseils d’un psychiatre et d’une diététicienne

Au fil de son ouvrage, Adrien Devyver fait intervenir plusieurs experts. Chloé De Smedt, diététicienne et nutritionniste, souligne ainsi la difficulté, pour les TDAH, à manger lentement, mastiquer et éviter les distractions importantes telles que la télévision. Elle explique par ailleurs que les variations brutales de glycémie, qui provoquent irritabilité, fatigue et problèmes de concentration, sont à proscrire chez ce type de patients. Elle les enjoint à favoriser les sources de glucides complexes et à bannir les aliments raffinés.
Le Dr Pierre Oswald, psychiatre, qui a créé la première consultation spécialisée dans le TDAH en Belgique francophone, en 2003, apporte également son expertise. Il pointe le fait que trop peu de médecins soient à même de poser le bon diagnostic, mais aussi que trop peu de spécialistes soient formés pour prendre en charge ce trouble invalidant. Et s’il est parfaitement favorable à la Ritaline, qui permet de vivre plus sereinement grâce à un « rééquilibrage cérébral », il précise qu’avec le TDAH, l’approche multimodale (méthode comprenant plusieurs types de thérapeutiques, à combiner en fonction du patient et associant des approches éducatives, familiales, rééducatives, psychothérapiques et médicamenteuse, ndlr) doit être privilégiée. L’auteur, lui, explique que si la question de la médication s’est « inévitablement posée » suite au diagnostic, il n’y a jamais donné suite, préférant s’en sortir sans. Chapeau !

Autodérision et optimisme contagieux

L’aspect pratique de ce livre est donc résolument l’un de ses points forts. À la fin de chaque chapitre (enfance, famille, amis, études, travail…), l’animateur radio offre aussi ses « petites combines » personnelles aux lecteurs. Il souligne, par exemple, que prendre l’habitude de bien respirer, apprendre en s’amusant ou encore se défouler régulièrement permet aux enfants souffrant d’un TDAH de mieux se concentrer.
Le lecteur appréciera aussi, tout au long de l’ouvrage, le ton optimiste et l’auto­dérision de Adrien Devyver, qui montre un talent particulier pour dédramatiser le sujet. Le jeune homme, qui considère que sa place est « dans la transmission d’un message positif et encourageant », s’investit dorénavant dans la sensibilisation au sein de l’association TDA/H Belgique, dont il est le parrain. n

* On m’appelle La Tornade, éditions Kennes, 192 pages, 19,90 euros

Céline Reichel

Source : Le Généraliste