Comment libérer du temps médical ?

Coordinateurs, assistants, IPA… : des auxiliaires bientôt à l'épreuve du terrain

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Publié le 20/06/2019
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Les nouveaux métiers de santé s'apprêtent-ils à révolutionner l'exercice libéral ? Encore faut-il qu'ils soient bien calibrés aux enjeux de la médecine de ville, a montré le colloque de la Fédération des maisons de santé et organisations de soins primaires coordonnés du Grand Est (FEMAGE), qui vient de se tenir à Strasbourg. 

En dépit de la vitalité de ces structures d'exercice regroupé, toutes ces maisons sont confrontées en premier lieu à la problématique de la coordination des missions, des dossiers administratifs et des personnels. Ce défi a conduit la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) à inventer le métier de « coordinateur », en coopération avec l'École des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes. Gestion administrative (montage de projet, demandes de financement), animation de l’équipe pluripro, élaboration des protocoles en lien avec les professionnels de santé mais aussi relations avec les partenaires extérieurs… : chefs d’orchestre, ces coordinateurs participent à la gestion des structures et assument des tâches auxquelles les médecins ne sont pas préparés, pourtant indispensables au bon fonctionnement des maisons de santé. En 2018, la FEMAGE et l’EHESP avaient organisé à Nancy la première formation qui, étalée sur deux ans, a piloté une vingtaine de stagiaires. Ceux-ci y apprennent le rôle de coordination d’une équipe mais sont sensibilisés aussi aux principes des projets de santé, à la dynamique collégiale et à la démarche qualité.

Si les médecins participent déjà à la formation de ces coordinateurs, tout reste à faire en ce qui concerne les futurs assistants médicaux qui épauleront prochainement les médecins libéraux regroupés (et parfois isolés en zone sous-dense). Sur le papier – avenant n°7 à la convention –, ces auxiliaires hériteront de tâches administratives (accueil, gestion du dossier informatique, accompagnement de la mise en place de la télémédecine…), de missions en lien avec la préparation ou le déroulement de la consultation (constantes, mise à jour du dossier patient concernant les vaccinations…) mais aussi de fonctions d'organisation et de coordination (notamment avec d'autres acteurs). « Nous engagerons des gens sans savoir exactement ce que nous leur ferons faire », résume le Dr Violaine Brunelli-Mauffrey (MSP de Tomblaine) qui souhaite que ce métier d'assistant médical – décrit de façon lapidaire – puisse se « professionnaliser rapidement ». C'est d’autant plus impératif que les MSP voient parallèlement de jeunes titulaires de diplômes de santé publique frapper à leurs porte, sans être sensibilisés aux dures réalités de la santé ambulatoire… 

Nouveaux besoins, nouvelles compétences

Même nécessité d'appropriation du monde libéral pour les nouveaux infirmiers de pratiques avancées (IPA). Ces derniers suivent une formation complémentaire de deux ans, surtout axée sur la pratique hospitalière, constate le Dr Marie-France Gérard, médecin généraliste à la MSP de Vicherey (Vosges) et présidente de la FEMAGE. Or, les MSP attendent des compétences adaptées aux soins primaires et à la gestion des patients chroniques. De fait, les textes sur les IPA prévoient déjà trois domaines d'intervention : les pathologies chroniques stabilisées et les polypathologies courantes en soins primaires, l’oncologie et l’hémato-oncologie et la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale. Là encore, les formations devront être à la hauteur des enjeux.  

Comme l'explique le Dr Pierre Tryleski (généraliste à la MSP de l’Ill à Strasbourg), les maisons de santé « ont révélé de nouveaux besoins et aujourd’hui, elles doivent aussi participer au développement des compétences ». Avec l'enjeu d'inclure les soins primaires au cœur de la formation des professionnels de santé.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9759