Coronavirus : malgré l'envolée des cas à Mulhouse, un généraliste refuse de céder à la psychose

Dans le Haut-Rhin, le nombre de personnes testées positives au Covid-19 a été multiplié par 8 en 48 heures, en faisant l'un des foyers les plus importants de l'épidémie en France. À l’origine de ce cluster, un rassemblement de l'église évangélique de La porte ouverte chrétienne qui s'est tenu à Mulhouse du 17 au 24 février. Désormais, le nombre de cas réels serait beaucoup plus élevé car le test diagnostic est maintenant réservé aux personnes présentant les symptômes les plus graves.

Les patients se rendant dans les cabinets de médecine générale d'Alsace et présentant des symptômes du coronavirus sont désormais renvoyés chez eux. « Jusqu'à présent, tout devait passer par la régulation centre 15, ce n'est plus le cas. Ici, nous sommes déjà en stade 3 de l'épidémie, même si ce n'est pas encore officiel », témoigne le Dr Philippe Hild, médecin généraliste à Altkirch et professeur associé à la faculté de Strasbourg. Le centre 15 local, très encombré, recevrait plus de 1 000 appels par jour selon le médecin. « J'ai donné mon accord pour que le responsable du Samu centre 15 puisse dépêcher des internes de médecine générale volontaires, formés et supervisés pour la régulation », indique le Dr Hild. 

Deux salles d'attente, deux ambiances

Depuis le début de cette semaine, le médecin de famille voit défiler dans son cabinet de quatre médecins situé à une vingtaine de kilomètres de Mulhouse, « des patients avec des syndromes grippaux et qui ont probablement un Covid ». L'Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est devrait diffuser prochainement le protocole à suivre pour les libéraux. En attendant, les omnipraticiens prennent les mesures de précaution nécessaires pour limiter la transmission du virus. L'une des deux salles d'attente du cabinet est désormais réservée « aux tousseurs fébriles et à ceux qui ont le rhume », explique-t-il. Chaque praticien a par ailleurs reçu sa boîte de 50 masques chirurgicaux (FFP1) distribuée par le gouvernement en début de semaine et applique les recommandations du ministère.

« Je suis probablement porteur du virus »

Le généraliste essaie toutefois de limiter les visites à domicile chez les patients fragiles. « Je suis probablement porteur du virus, même si je suis asymptomatique, affirme-t-il. Si je peux reporter une visite non urgente, je le fais. Des alternatives comme la télémédecine ou le renouvellement d'ordonnance à distance seront certainement envisagées pour limiter les risques de transmission », ajoute-t-il. 

Malgré cette situation de crise, le Dr Philippe Hild ne cède pas à la psychose ambiante et reste optimiste quant à la progression de l'épidémie. « Les médecins libéraux regrettaient d'avoir un manque d'information et à juste titre. Mais ça devrait aller, je ne suis pas inquiet pour la suite. Il ne faut pas faire de ce virus une phobie. Le Covid s'apparente à une grippe, même s'il est plus contagieux et dans certaines situations un peu plus grave pour les personnes fragiles et âgées », conclut le médecin.