L’urticaire aiguë allergique reste rare, elle s’associe le plus souvent à des signes extra-cutanés (respiratoires, cardiovasculaires, digestifs…). Elle survient dans les minutes ou l’heure suivant l’ingestion ou l’administration d’un aliment ou d’un médicament ou après piqûre d’hyménoptères.
Quand l’urticaire dure plus de 6 semaines, on parle d’urticaire chronique. L’urticaire chronique n’est pas une maladie allergique mais dermatologique inflammatoire. Pour des raisons multiples, le seuil de dégranulation des mastocytes s’abaisse. « Un rien les fait dégranuler et libérer dans le derme de l’histamine et des leucotriènes, à l’origine des manifestations cliniques : les papules et parfois les œdèmes », explique le Dr Soria. Il en existe différentes formes cliniques. Le plus fréquemment les lésions apparaissent « spontanément » d’où le nom d’urticaire chronique spontanée (anciennement idiopathique ou auto-immune). Parfois des facteurs au contact de la peau provoquent les lésions ; on parle d’urticaire inductible (au froid, à la pression, cholinergique, au soleil…). L’urticaire chronique spontanée et certaines formes d’urticaires inductibles peuvent être associées.
L’angio-œdème au cours de l’urticaire est fréquent et ne signe pas l’allergie
L’urticaire chronique se manifeste par des papules auxquelles s’associent dans 10 à 40 % des cas des œdèmes (angio-œdèmes, anciennement œdèmes de Quincke). Ces lésions cutanées sont fugaces et migratrices « L’angio-œdème du visage (paupière, lèvres, joue…) au réveil est fréquent et ne doit pas faire évoquer systématiquement une cause allergique », précise le Dr Soria.
L’urticaire aiguë est multifactorielle, favorisée par des cofacteurs (infection, stress, prise médicamenteuse notamment AINS, dérivés morphiniques, produits de contraste iodé, bêtalactamines…). « Rassurons le patient ; sa maladie est connue et n‘est pas allergique, même s’il a des œdèmes. Il ira mieux, n’errera pas de médecins en médecins et se gardera de régimes alimentaires drastiques dont aucune publication ne supporte actuellement l’intérêt », martèle la spécialiste.
Des antihistaminiques en continu !
En 1re intention le traitement repose sur les antihistaminiques de 2e génération (80 à 85 % des patients y répondent), aussi efficaces que les 1res générations. Ce traitement peut être débuté à 1 ou 2 comprimés/j. Si besoin, ne pas hésiter à augmenter les doses d’antihistaminiques, jusqu’à 4cp/j. En cas d’urticaire chronique, il est nécessaire de prescrire un traitement en continu. « Une bonne imprégnation en antihistaminiques diminue l’activation des mastocytes, limite les poussées et le recours à la consultation d’urgence où les poussées risquent d’être « traitées » par une corticothérapie (qui diminue la sensibilité aux antihistaminiques, favorise la pérennisation de l’urticaire et provoque des rebonds de la maladie) », souligne le Dr Soria.
Des recommandations internationales sur la prise en charge de l’urticaire (1) ont été publiées très récemment. Les dermatologues français de la SFD travaillent à la mise en place d’un algorithme thérapeutique dans cette maladie pour faciliter la prise en charge des patients.
Retenons que l’urticaire chronique finit par disparaître au bout de quelques mois ou années chez la grande majorité des patients.
(1) Zuberbier, T et al., The EAACI/GA²LEN/EDF/WAO Guideline for the Definition, Classification, Diagnosis and Management of Urticaria. The 2017 Revision and Update.
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