Certains médecins sont plus exemplaires que d'autres. Des témoignages se révèlent plus inspirants que d'autres. Parfois, un médecin exemplaire écrit un livre inspirant. Moment rare, très rare bien sûr. Prix Nobel de la paix en 2018, le Dr Denis Mukwege s'est façonné un destin. Pourtant, il n'a rien d'un superhéros, façon Marvel. La peur ici n'est pas esquivée, pas davantage les moments où l'on cède face aux menaces, intimidations jusqu'à une tentative d'assassinat proférée par le politique au plus haut niveau de la République "démocratique" du Congo. Pourquoi tant de haine ? Simplement parce que Denis Mukwege dénonce inlassablement la pratique du viol collectif perpétré sans état d'âme comme la poursuite de la guerre par d'autres moyens. En 1999, il ouvre l'hôpital de Panzi à Bukavu (zone de guerre perpétuelle ?) où s'affrontent militaires et milices originaires du Rwanda, d'Ouganda et du Burundi et aussi du Congo. Là sont prises en charge, réparées dans une approche globale ces femmes déchirées sur le plan physique et psychologique. Le mal n'est pas concentré dans ce coin perdu d'Afrique, non pas oublié de tous parce que pauvre. Bien au contraire, terre riche en minerais précieux, l'Occident préfère ne pas savoir d'où sont issus les composants de ses smartphones. Voile pudique ou lâcheté ? En attendant, Denis Mukwege, inlassable militant de la cause, décrit tous ces endroits du monde où les violences sexuelles sont jugées inévitables et non comme cause de scandales.
Héritiers de la médecine humanitaire
On cherchait depuis longtemps les héritiers de la médecine humanitaire à la française inventée dans les années soixante-dix. Denis Mukwege, en a repris le flambeau, le drapeau où se tressent indistinctement médecine et politique, soins et interventions dans les médias, action individuelle et collective. Combien de vocations de médecins la lecture de ce livre génèrera-t-elle ? Et pas seulement chez les jeunes femmes on l'espère !
La force des femmes, Denis Mukwege, éditions Gallimard, 398 p, 20 euros.
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