Les modèles mathématiques d'évaluation de la mortalité attribuable aux bactéries résistantes aux antibiotiques sont « déconnectés de la réalité de la pratique clinique des médecins hospitaliers » et aboutissent à des « estimations irréalistes », selon des chercheurs de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille (1).
Dans une correspondance publiée dans « The Lancet Infectious Diseases », ils rappellent que deux études établissent le nombre de décès imputables à l’antibiorésistance à 5 500 cas par an en France (étude dite Cassini) ou à 12 500 cas (étude Burden). Selon eux, ces données ont été obtenues en utilisant « des modèles mathématiques inappropriés basés sur l’extrapolation d’études multiples et non contrôlées ».
Une confrontation à « la réalité du terrain »
Pour appuyer leur propos, ils ont confronté les résultats à « la réalité du terrain ». Les chercheurs marseillais ont adressé un questionnaire à des praticiens d’unités de soins intensifs les invitant à reprendre leurs données des 10 dernières années. Ces services enregistrent en moyenne une mortalité de 19 % des patients hospitalisés. « Sur les 251 répondants, 116 (46 %) n’ont observé aucun décès et 106 (42 %) ont vu entre 1 et 5 cas sur les 10 dernières années, notent les auteurs. Ainsi, pour 222 (88 %) des 251 participants avec plus de 10 ans d'expérience, il y a eu probablement autour de 45 décès par an attribuable à une impasse thérapeutique en lien avec une antibiorésistance. »
En conclusion, les chercheurs marseillais estiment qu’« il devient indispensable de créer un registre national comptabilisant les cas confirmés de décès liés à la présence d’une bactérie résistante aux antibiotiques disponibles ».
(1) Didier Raoult (microbiologiste), Dr Marc Leone (réanimateur), Jean-Marc Rolain (pharmacien) et Yanis Roussel (doctorant).
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