Rhinosinusite

Des corticoïdes à l’angioplastie des sinus !

Publié le 15/09/2017
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Si l’innovation était à l’honneur lors du congrès mondial d’ORL, plusieurs sessions ont aussi permis de faire le point sur la prise en charge d’affections ORL classiques comme la rhinosinusite. Dans celle-ci, les corticoïdes et la chirurgie restent les piliers du traitement mais l’angioplastie pourrait changer la donne.
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Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

Après les cardiologues et les radiologues, les ORL se mettent à l’angioplastie !  Cette année, le congrès mondial d’ORL (ENT world congress, Paris 24-28 juin) a mis en avant plusieurs innovations thérapeutiques en ORL, parmi lesquelles, l’angioplastie des sinus qui pourrait venir concurrencer la chirurgie dans les rhinosinusites.

Développée par Entellus medical, cette technique non invasive de dilatation des sinus utilise une sonde nasale dont l’extrémité est pourvue d’un ballonnet permettant de traiter les six sinus frontaux, maxillaires et sphénoïdaux. Cinq pays ont déjà une expérience significative et positive pour cette technique, simple, rapide, faisable sous anesthésie loco-régionale sans nécessité de bloc opératoire et sans les risques inhérents à la chirurgie. En revanche, en France, cette technique n’est pas disponible pour l’instant mais un PHRC (programme hospitalier de recherche clinique) débutera à Strasbourg avec le Pr Christian Debry.

Réduire l’inflammation

Aujourd’hui, la prise en charge passe, plus classiquement, par un contrôle des facteurs de risque environnementaux, une maîtrise des épisodes infectieux aigus, une restauration du transport muco-ciliaire et une réduction de l’inflammation. En première intention, les stéroïdes intra-nasaux, permettent de réduire les polypes et d’améliorer la perméabilité respiratoire. Il faut bien expliquer la technique d’inhalation car seulement 43 % des patients l’utilisent correctement.

Les stéroïdes par voie systémique sont en deuxième ligne à la dose de 1 mg/kg pendant une dizaine de jours surtout dans les formes avec polypes. Les antileucotriènes trouvent leur place en cas de polypose et d’allergie. Les antibiotiques sont à prescrire en cure courte dans les épisodes aigus, leur spectre doit cibler l’H. influenzae, le pneumocoque, M. catarrhalis et les grams négatifs comme le pyocyanique dans certains cas. La clarithromycine et la doxycycline en cures de 6 à 12 semaines ont un effet immuno-modulateur, mais attention à l’espace QT à l’ECG et à l’interaction avec le cytochrome P450 ! « En cas de polypose nasale chronique, cela vaut la peine d’essayer », a indiqué le Dr Philippe Eloy (Namur, Belgique). Côté recherche, l’omalizumab, qui a l’indication de l’asthme allergique sévère persistant, est à l’étude. Autre voie, le reslizumab, un anti-IL5, permet de réduire l’incidence des polypes et la congestion nasale.

La chirurgie se situe après traitement médical bien conduit ou en cas de corticorésistance. Elle consiste en une désobstruction, une polypectomie ou une nasalisation avec un taux de succès de 80 %.

Les ORL s’y entendent en innovations technologiques

Signes des temps, cette année le rapport de la SFORL était consacrée à la robotique et aux innovations technologiques en ORL. 
Avec « Robotol », la robotisation s’installe en maître dans l’approche fine des pathologies de l’oreille moyenne. Développé avec l’INSERM ce premier robot dédié à l’oreille moyenne pourra traiter l’otospongiose, réparer la chaîne des osselets ou la membrane tympanique et perfectionner le positionnement de l’implantation cochléaire. « Il améliore la précision chirurgicale » résume le Dr Yann N’Guyen (Paris). Il a aussi l’intérêt de libérer les deux mains du chirurgien car le robot peut se faire « porte-endoscope ».

Un autre robot de Medrobotics a l’intérêt d’être flexible et orientable pour s’adapter à l’anatomie de la zone oro-pharyngée et avoir accès à des zones difficiles pour la chirurgie non invasive en cancérologie de la tête et du cou, sans nécessiter de salle spéciale ni de table d’opération spécifique.

Des pistes d’avenir concernent aussi la délivrance de médicaments dans l’oreille interne qu’il s’agisse de corticoïdes dans les surdités brusques d’origine vasculaire, traumatique ou inflammatoire ; de gentamicine dans la maladie de Ménière évolutive ou d’anti TNFα ou anti NMDA dans les acouphènes invalidants chroniques.

Des recherches sont également en cours sur un stimulateur implanté du nerf de la langue destine à traiter les apnées du sommeil.

Citons enfin le système Earfold qui permet de corriger instantanément les oreilles décollées sous anesthésie locale chez l’enfant de plus de 5 ans. Il s’agit d’une sorte de petit ressort à mémoire de forme positionnée après une simple incision entre le cartilage et la peau. 8 000 implants ont déjà été posés avec un recul d’un an. Les taux de récidives et d’infections sont plus faibles qu’avec la technique courante.

 

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr