Les immunothérapies arrivent en première ligne dans les cancers ORL

« Des critères de sélection à affiner »

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Publié le 20/12/2018
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faivre

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« Le Quotidien » : Quel est selon vous le fait marquant de l’année 2018 en cancérologie ORL ?

Pr Sandrine Faivre : Ce sont les données présentées au congrès de l’ESMO en octobre qui ont montré une supériorité de l’immunothérapie utilisée en monothérapie par rapport à la chimiothérapie, en première ligne de traitement pour des formes récidivantes et métastatiques de cancers ORL (plus particulièrement pour des patients exprimant PD-L1 au niveau de leur tumeur).

Depuis plus de 10 ans, la chimiothérapie à base de platine + 5-FU combinée à l’anti-EGFR cetuximab constitue un standard de traitement. Or, pour la première fois, une nouvelle classe thérapeutique utilisée seule fait mieux que ce standard, avec le pembrolizumab administré en 1ière ligne. Contrairement à la chimiothérapie, la réponse à l’immunothérapie est durable dans le temps - en général au-delà de six mois, voire douze mois - avec également moins d’effets secondaires.

Quelle stratégie thérapeutique se dessine dans le champ des immunothérapies des cancers ORL ?

S.F : Il va sans doute falloir réaliser une sélection de la population de patients à retenir sur un critère biologique, alors que jusqu’à présent l’attribution du traitement de première ligne par chimiothérapie se faisait sans détermination de cible biologique pour les patients. Pour l’instant, nous sommes encore en période de qualification des critères. Ces derniers concernent essentiellement une expression PD-L1 positive. Si 80 % des patients expriment PD-L1 dans leur tumeur, moins de 30 % des patients s’avèrent répondre objectivement à l’immunothérapie. Ce critère demande toutefois à être affiné et certainement complété par d’autres paramètres sensibles.

Quelles sont les pistes les plus prometteuses pour optimiser les protocoles de soins par chimiothérapie ?

S. F : L’inhibition de la voie PI 3-Kinase est une classe de thérapie ciblée intéressante, comme le buparlisib associé à la chimiothérapie par paclitaxel hebdomadaire en deuxième ligne. Les inhibiteurs de PI 3-K sont assez prometteurs et une étude de phase 3 va débuter comparant buparlisib + paclitaxel à paclitaxel seul chez des patients prétraités par platine ou immunothérapie.

Propos recueillis par David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9712