Infarctus du myocarde et remodelage cardiaque

Des recherches pour moduler la réaction inflammatoire récompensées

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Publié le 07/12/2017
infarctus myocarde

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Crédit photo : Phanie

Au cours des premières heures de l'infarctus du myocarde, la réaction inflammatoire se traduit par l'infiltration de différents types de cellules dans le tissu ischémié, certaines dotées d'effets bénéfiques sur la cicatrisation et le remodelage, d'autres au contraire d'effets délétères. « Tout l'enjeu de nos recherches est d'identifier les mécanismes d'action de ces cellules sur le remodelage au niveau des compartiments vasculaire, cardiomyocytaire et matriciel, afin de définir à terme des cibles thérapeutiques capables de moduler la réaction inflammatoire », rapporte le Dr Jean-Sébastien Silvestre, qui dirige l'équipe Thérapies régénératives pour les maladies cardiaques et vasculaires au sein de Paris Centre de recherche cardiovasculaire.

Il est en effet aujourd'hui bien établi qu'il ne faut pas lutter contre l'inflammation - des essais menés il y a quelques années ont d'ailleurs montré l'impact délétère de l'administration de glucocorticoïdes -, mais la réguler. Une première preuve de concept a été récemment apportée par les premiers résultats de l'étude CANTOS, chez des patients ayant une insuffisance cardiaque.

« En collaboration avec le Pr Ziad Mallat (Université de Cambridge), nous avons pu montrer, sur un modèle de souris, que les lymphocytes B jouent un rôle délétère dans l'IDM aigu, explique le Dr Silvestre. Et nous évaluons actuellement dans un essai de phase 1 un anticorps antilymphocytes B déjà utilisé dans la polyarthrite rhumatoïde ». La fenêtre thérapeutique est restreinte et cet anticorps est administré dans les toutes premières heures de l'IDM.

La fonction paracrine des cellules progénitrices

Le deuxième axe de recherche, mené par l'équipe du Dr Silvestre en collaboration avec le Pr Philippe Ménasché, porte sur une approche thérapeutique innovante basée sur la thérapie cellulaire.

« Les essais de thérapie cellulaire menés ces dernières années avec différents types de cellules, qu'il s'agisse de fibroblastes, de cellules de la moelle osseuse ou du sang périphérique ou encore de cellules progénitrices humaines, ont globalement fait la preuve d'une efficacité très limitée, exception faite des cellules embryonnaires humaines. Et l'effet de ces progéniteurs paraît découler de leurs fonctions paracrines et non pas d'une action cellulaire de reconstruction des tissus ». Ces cellules sont en effet capables de libérer des petites vésicules riches en de nombreux facteurs de croissance. « Nous avons fait le pari de travailler sur ces vésicules, plus simples à étudier que les cellules elles-mêmes et nous avons développé une "soupe" de vésicules, dont l'activité thérapeutique peut être optimisée lorsqu'elle est injectée avec des biomatériaux », précise le Dr Jean-Sébastien Silvestre. L'idée est de comprendre les mécanismes d'action de ces cocktails de vésicules, en particulier leur action modulatrice de l'inflammation.

« Le Prix de la Fondation pour la recherche médicale est un important soutien pour nos recherches, dont les deux axes bénéficient d'un financement pérenne d'une durée de 3 ans, souligne le Dr Silvestre. Au-delà de l'aspect financier, un tel prix permet de valoriser nos travaux et de leur donner une visibilité, en particulier pour les donateurs ».

D'après un entretien avec le Dr Jean-Sébastien Silvestre, Inserm U970-Paris centre de recherche cardiovasculaire, hôpital européen Georges Pompidou (Paris)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr