La crise fébrile

Des recommandations spécifiques chez l'enfant

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Publié le 13/09/2018
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crise febrile

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Crédit photo : PHANIE

Les crises fébriles (CF) (ou convulsions fébriles ou crises convulsives hyperthermiques) surviennent chez 2 à 5 % des enfants, entre 6 mois et 5 ans, avec un pic à 18 mois.

Les CF sont des crises d'épilepsie apparaissant dans un contexte fébrile, en l'absence d'infection du système nerveux central ou d'autres causes, telles que les troubles métaboliques (hypoglycémies) ou la déshydratation. Les CF représentent la forme la plus fréquente des crises épileptiques dans l’enfance. Néanmoins, la survenue d'une CF isolée chez l'enfant ne marque pas l'entrée dans la maladie épileptique. « Si la CF apparait dans un contexte de fièvre, ce n'est pas tellement la fièvre qui est en cause dans la survenue de la crise mais le contexte inflammatoire et, notamment, les cytokines. De fait, le cerveau de l'enfant est plus facilement excitable et son seuil épileptogène, inférieur à celui de l'adulte », affirme le Dr Elise Launay, pédiatre générale et infectiologue au service de pédiatrie générale, à l'hôpital mère-enfant (CHU de Nantes).

Des crises fébriles simples ou complexes

En général, une CF dure moins de 5 minutes. Elle se manifeste le plus souvent par une perte de contact, une atonie ou une hypertonie, un changement de teint (l'enfant devient gris, puis, bleu), et parfois, par une hypersalivation. Elle est suivie d'une phase de récupération (15 à 20 minutes) durant laquelle l'enfant retrouve son état normal. La CF chez l'enfant de moins de 6 mois est liée à une méningite. Chez l'enfant de plus de 6 mois, plusieurs critères sont utilisés pour distinguer les CF simples et complexes. « L'examen neurologique est indispensable. Il suffit, le plus souvent, à éliminer une infection méningée. Une CF généralisée, durant moins de 5 minutes, unique, avec un examen neurologique normal au décours est une crise simple. En revanche, lorsque la CF est prolongée, focale (limitée à un membre ou au visage, par exemple) ou se répète dans le temps, on parle de crise complexe. Un examen neurologique anomal au décours d'une CF doit faire suspecter une cause externe (une infection, le plus souvent) », note le Dr Elise Launay.

De nouvelles recommandations

Un groupe de travail a récemment formulé des réponses à trois questions cliniques se posant face à un enfant ayant présenté une CF* : quand réaliser une ponction lombaire (PL) ? Faut-il prescrire un traitement antiépileptique d’urgence en cas de récidive de CF qui se prolonge ? Chez quel enfant demander un avis neurologique (risque d’épilepsie) ? « La PL est systématique lorsque l'enfant présente un syndrome méningé ou un syndrome septique ou un trouble du comportement, avant l'âge de 6 mois. Par ailleurs, en cas de récidive de CF qui se prolonge, un traitement anti-épileptique d’urgence peut être prescrit si la probabilité de récidive sous forme de CF prolongée est élevée (enfant de moins de 12 mois, anomalie du développement ou de l'examen neurologique, antécédents familiaux de crise non fébrile...). En outre, un avis spécialisé (neuropédiatre, neurologue) est requis quand la CF est prolongée avant l’âge d’1 an, quand la CF est focale et prolongée ou focale et répétée sur 24 heures. Mais aussi, quand une CF complexe se répète, ou qu'il existe un retard de développement ou une anomalie neurologique », indique le Elise Launay. Multifactorielle, la CF survient, chez l'enfant, en contexte inflammatoire sur un terrain prédisposé. Certains virus (comme le rotavirus) sont pourvoyeurs de CF chez le nourrisson. « Il est difficile de prédire la récidive des crises : certains enfants n'en présenteront qu'une seule, tandis que d'autres en auront plusieurs jusqu'à l'âge de 5 ans. La CF disparaît après cet âge », conclut le Dr Elise Launay.

*S. Auvin et al, Archives de Pédiatrie 24 (2017) 1137.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9685