« Effroyables jardins », de Jean Becker

Deux hommes simples dans la guerre

Publié le 01/04/2003
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Cinéma

L'auteur du roman homonyme (Joëlle Losfeld), Michel Quint, s'est servi d'un souvenir d'enfance : un père qui lui faisait honte en jouant le clown, jusqu'à ce qu'il découvre quel souvenir douloureux cela recouvrait. Louis Becker a suggéré l'adaptation à son père Jean et a produit le film. Sébastien Japrisot, malade (il vient de mourir à 71 ans) ayant dû abandonner, Jean Cosmos et Guillaume Laurant (le co-scénariste du « Fabuleux destin d'Amélie Poulain ») ont écrit un scénario en prenant quelques libertés avec le livre.

Encore un film sur la guerre, dira-t-on. La deuxième guerre mondiale, ses héros, ses salauds et tous ceux, les plus nombreux, qui n'ont été ni l'un ni l'autre ou un peu des deux. Jean Becker aime se pencher sur le passé, un monde qui paraît très loin du nôtre et qui pourtant en résulte directement. Les premières scènes reconstituent donc avec soin, robes des dames et des demoiselles à l'appui, le début des années soixante. C'est pour mieux revenir en arrière, à l'aventure de deux Français très ordinaires pris dans la tourmente : l'un est instituteur, l'autre « châtelain » et dirige une fabrique de chapeaux. Pas des héros certes, mais ils vont être entraînés dans un acte qui les dépasse.
La mise en place du drame n'est pas le plus convaincant. C'est quand on en arrive à la confrontation avec les Allemands que le récit, classique, prend son sens, et les personnages leur réalité humaine. La mise en scène sait alors se faire à la fois lyrique et discrète, oubliant la reconstitution appliquée pour rester au plus près des hommes.
Jean Becker retrouve ici ses comédiens préférés («les Enfants du marais »), Jacques Villeret et André Dussolier. Aussi nuancés et émouvants soient-ils, on se prend à regretter que le réalisateur n'ait pas choisi des acteurs peut-être moins connus mais - osons le dire - plus jeunes pour ces rôles à quinze ans d'intervalle. Mais ce n'est qu'une faille mineure pour un film qui ne peut que faire vibrer la fibre de l'humanité.

Renée CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7307