EBOLA : l'action de l'OMS en RDC paralysée par l'explosion des violences

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Publié le 26/09/2018
eBOLA RDC

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Crédit photo : AFP

Depuis le 22 septembre, l'organisation mondiale de la santé (OMS) a ordonné le confinement des 80 personnes de son personnel déployé dans la ville de Beni, en République Démocratique du Congo, pour lutter contre l'épidémie d'Ebola. Selon le Dr Peter Salama, directeur du Programme de gestion des situations d'urgence de l'OMS, qui a fait cette annonce lors d'une conférence de presse ce matin, cette décision est motivée par le climat de violence qui règne dans les régions frontalières avec l'Ouganda, et notamment dans la province du Nord Kivu où a lieu l'épidémie actuelle.

Pas moins de 7 attaques par des groupes rebelles ont eu lieu entre le 24 août et le 22 septembre. Le lourd bilan du dernier assaut, 21 morts dont 17 civils, a poussé la population à déclarer une journée « Ville Morte » qui se prolongera jusqu'à ce mercredi. « Parallèlement à cela, nous avons observé l'installation d'un climat de méfiance et l'apparition de théories du complot sur le rôle de l'OMS et des ONG dans l'apparition de l'épidémie, explique le Dr Salama. La peur de l'épidémie est exploitée par des politiciens, et nous avons peu que la situation s'aggrave avec les élections de décembre », qui précise toutefois que, jusqu'à présent, aucune violence n'a spécifiquement ciblé le personnel de l'OMS ou les travailleurs humanitaires.

Conséquence de l'apparition de « poches de résistances très dures », le Dr Salama fait état de refus de la surveillance active des cas contact et parfois même des soins. « Des personnes fuient pour aller dans les forêts, dans des zones rouges tenues par des groupes armés, voire pour aller en Ouganda », raconte-t-il. Un exemple très préoccupant : un des cas confirmé originaire d'un petit village entre les villes de Beni et Butenbo a refusé la prise en charge et s'est réfugié dans une zone contrôlée par les groupes rebelles, hors de portée des ONG, de l'OMS et des acteurs gouvernementaux. « C'est le contexte le plus compliqué que nous ayons eu à traiter », reconnaît le Dr Salama qui craint par ailleurs l'arrivée « imminente » d'Ebola en Ouganda.

L'OMS assourdie et aveuglée

À la suite du confinement forcé de son personnel, l'OMS n'a été en mesure ces derniers jours de ne contacter que 20 % des contacts des derniers cas suspects ou confirmés. Pour la seule journée de lundi, 3 cas suspects autour de la ville de Béni n'ont pas pu être contactés. Et le Dr Salama d'ajouter : « Si des enterrements non sécurisés sont célébrés dans les jours à venir, nous pourrions voir l'épidémie repartir ! »

Pour l'instant, les chiffres communiqués par l'OMS indiquent une décrue progressive de l'épidémie d'infections par le virus Ebola. Depuis 2 mois, 150 cas ont été confirmés au nord de Kivu, et la barre des 100 morts a été dépassée. La dynamique de l'épidémie est pourtant à la baisse : de 40 nouveaux cas suspects ou confirmés par semaine lors de la 2e moitié du mois d'août, l'épidémie compte désormais une dizaine de cas par semaine.

L'OMS se félicite en outre de la bonne réception de la vaccination en ceinture par la population : 11 700 personnes ont déjà reçu une dose du rVSV-ZEBOV du laboratoire Merck.


Source : lequotidiendumedecin.fr