En congrès à Paris, la chirurgie orthopédique et traumatologique dissèque sa mutation

Par
Publié le 13/11/2018
orthopédique

orthopédique
Crédit photo : PHANIE

Le congrès de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT) s'est ouvert cette semaine à Paris (12 au 15 novembre) et célèbre le centenaire de la SOFCOT. Les grands défis de la spécialité et de l'évolution de la pratique (avènement de la décision médicale partagée, sur-spécialités, révolution technologique) seront abordés pendant trois jours. 

« L'association s'est créée en 1918, lors de la Première Guerre mondiale ! Les blessures étaient graves et inconnues, la prise en charge a demandé de nouveaux apprentissages », rappelle le Pr Philippe Rosset, président de l'Académie d'orthopédie et de traumatologie (AOT). « Le premier conflit a fait entrer la chirurgie dans son ère moderne avec des principes étudiés à cette époque qui sont encore d'actualité dans nos pratiques », abonde le Pr Sylvain Rigal, chef de service de chirurgie orthopédique à l'HIA Percy (Clamart). À titre d'exemple, le « triage », méthode de priorisation et de hiérarchisation des blessures et de la prise en charge des patients, a été mis en place dès cette période.

Trois ans jour pour jour après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le Dr Adeline Cambon-Binder, chirurgien à l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP), témoigne. « 45 blessés ont été admis dans nos services. Les dégâts étaient considérables. Les victimes étaient fauchées par des armes de guerre et il nous a fallu opérer en extrême urgence. » À l’époque chef de clinique, le Dr Cambon-Binder se souvient de l'adaptabilité dont les équipes ont dû faire preuve. « Deux éléments étaient nouveaux, les traumatismes balistiques et l'afflux massif de patients », explique-t-elle.

Les médecins militaires ont travaillé main dans la main avec leurs confrères civils. « Nous avons appris les modalités du triage et du "damage contrôle", des protocoles dans lesquels les médecins civils ont peu d'expérience », poursuit-elle. Encore aujourd'hui, les discussions se poursuivent entre les deux corps de médecins.

Nouveaux apprentissages 

Le numérique bouscule les pratiques des chirurgiens, le rôle du smartphone et de la tablette devenant central dans cette spécialité. Les applications connectées constituent des aides à la démarche diagnostique et à la décision thérapeutique. Sans compter que « les chirurgiens peuvent mieux positionner une prothèse, mieux aider les patients dans leur suivi postopératoire, c'est une médecine plus ciblée et personnalisée », s'enthousiasme le Pr Nicolas Reina, chirurgien au CHU de Toulouse.

Autre progrès technique, les protocoles de récupération accélérée après chirurgie (RAAC) visant à réduire le délai d'hospitalisation du patient opéré du genou ou de la hanche et à accélérer leur retour à domicile. Pour le Pr Jean-Yves Jenny, praticien au CHU de Strasbourg, la RAAC doit devenir la prise en charge standardisée en France. « Avec ces protocoles, l'intervention et la rééducation du patient se déroulent en 3 jours au lieu de 6 et permettent de diviser par deux l'incidence des complications », commente-t-il.

Pour la spécialité enfin, l'année sera marquée par des réformes organisationnelles et professionnelles dont les débuts du paiement à l’épisode de soins (mesure à laquelle s'oppose la SOFCOT) et la réflexion sur le financement à la qualité et la pertinence des soins. 


Source : lequotidiendumedecin.fr