L’organisation du congrès de la SFAR

Entre tradition et modernité

Publié le 04/11/2010
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CE NE sont pas moins de 7 000 anesthésistes–réanimateurs qui se sont retrouvés lors des quatre journées du Congrès de la SFAR – du 22 au 25 septembre au Palais des Congrès de Paris – afin de faire le point sur les quatre composantes de la spécialité : la prise en charge de la douleur, les urgences vitales (via le SAMU et les services d’urgence des hôpitaux), l’anesthésie – qui concerne plus de 9 millions de Français par an – et la réanimation. Avec ce Congrès intégralement en langue française, les organisateurs ont donné, comme chaque année, une ouverture internationale aux conférences : après la Belgique, la Suisse, les pays d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord (Tunisie, Algérie, Maroc…) et d’Afrique noire, c’est le Canada qui a participé activement à l’événement, pour la plus grande satisfaction des organisateurs. « Pour organiser un tel congrès, notre Comité d’organisation a travaillé pendant plusieurs mois en étroite collaboration avec le comité scientifique, qui établit le programme, nos deux sites web (www.sfar.org et www.sfar2010.com), qui assurent la communication, et nos partenaires privilégiés (neuf grands laboratoires), le tout avec un budget proche de 3 millions d’euros » remarque le Pr Mignon.

Des nouveautés.

Les auteurs des 560 meilleurs abstracts sélectionnés par trois experts (sur plus de 1 000 abstracts reçus) ont présenté leurs travaux par le biais, à la fois d’une communication orale de dix minutes et d’un poster : un moment d’échange très attendu ! Il y avait même une petite nouveauté cette année et non des moindres : « le premier auteur de ces abstracts s’est vu offrir son inscription au congrès, sous réserve d’être membre de la SFAR » souligne le Pr Mignon. Par cet avantage offert aux adhérents de la SFAR en regard de leur contribution financière – une règle dans le monde associatif – la SFAR entend bien reconnaître leur participation effective à son fonctionnement, qui permet d’organiser le Congrès national, de financer la recherche, de publier des recommandations professionnelles, d’améliorer le site web et les services électroniques.

Par ailleurs, ce geste a également permis à la SFAR de démontrer une nouvelle fois son dynamisme, notamment dans la promotion du travail des « plus jeunes », qu’elle récompense et encourage avec de nombreux prix. Ainsi, les meilleures communications ont reçu les prix du Concours des résidents, des laryngoscopes, et des bourses et contrats de recherche ont été remis pour permettre à de jeunes médecins de partir vers l’étranger. Cette année, trois d’entre eux vont ainsi pouvoir se rendre à San Francisco, Londres et Montréal, afin d’initier ou de poursuivre des travaux de recherche de haut niveau.

Autre nouveauté du de l’édition 2010, pour la première fois, l’ensemble des infirmiers et infirmières, d’anesthésie (IADE), de réanimation, et d’urgences, ont eu accès à l’ensemble des programmes. Certains ateliers interactifs ont d’ailleurs été construits avec l’aide d’infirmiers et d’infirmières. « Cela marque bien l’attachement de la spécialité à tous ses collaborateurs directs qui participent tous les jours à l’amélioration du service médical et à la qualité et la sécurité des soins si importants et essentiels » insiste le Pr Mignon. C’est d’ailleurs aussi dans cette optique que des ateliers de simulation ont été organisés en équipe, les médecins et infirmiers étant ensemble confrontés à des cas cliniques plus vrais que nature sur des simulateurs haute fidélité : « une façon moderne et réaliste de travailler sur des situations critiques, soit fréquentes, soit exceptionnelles, mais que l’on a rarement le temps et l’occasion de débriefer ensemble ».

Enfin, la technologie n’est pas restée en reste, avec une application pour iPhone permettant de retrouver les salles, les programmes et les abstracts, afin d’être interactif et de réagir lors des sessions. Des salles de conférences ont même été équipées avec des écrans en 3D.

Beaucoup de sessions consacrées à la réanimation.

S’il est toujours intéressant de connaître les travaux les plus récents, il est aussi utile de se pencher sur l’avenir d’une spécialité et c’est pourquoi, une session a repris les moments clés et les idées fortes des Etats généraux de l’anesthésie-réanimation, organisés en juin 2010. Ils étaient consacrés aux évolutions attendues pour les vingt prochaines années et intéressaient à ce titre, bon nombre de congressistes. Les journées de formation médicale continue ont également fait la part belle aux thèmes de réanimation, comme le choc septique ou l’insuffisance respiratoire, ou encore, les nouvelles techniques de dialyse, etc. Quant aux ateliers pratiques, outre ceux consacrés aux gestes techniques difficiles, certains proposaient de se confronter à des situations rares, avec film et débriefing à la clé. De quoi compléter les traditionnelles conférences de remise à niveau, les conférences d’actualisation, les trente-deux symposiums et les Journées des clubs ayant leur propre autonomie de programmation, comme chaque année. « Pour clore pareil programme, c’est le musée d’art moderne qui a été choisi, avec une visite privée organisée sur mesure, sans oublier un invité très spécial : M. Claude Allègre, fervent défenseur des sciences et farouche opposant de la pensée unique » conclut le Pr Mignon. Nul doute que le Congrès SFAR 2010 n’aura laissé aucun médecin anesthésiste-réanimateur, ni aucun infirmier anesthésiste, indifférent. Et c’était le but  !

D’après un entretien avec le Pr Alexandre Mignon, département d’anesthésie-réanimation, groupe hospitalier Cochin (Paris), secrétaire général du comité d’organisation du Congrès de la SFAR.

Dr NATHALIE SZAPIRO

Source : Bilan spécialistes