Ces salles disposent d'un traitement de l'air conforme à celui d'un bloc opératoire, d'une qualité d'imagerie optimale, d'une table d'intervention radiotransparente et du matériel d'anesthésie adéquate (1).
Elles sont classiquement utilisées en chirurgie cardiaque (mise en place de valves cardiaques biologiques par voie percutanée ou transapicale, vérification coronarographique de la reperfusion coronaire), en chirurgie vasculaire (mise en place d'endoprothèses de l'aorte ou des artères à visée viscérale), en neurochirurgie (traitement d'anévrismes cérébraux, spondylodèses), et en chirurgie orthopédique (mise en place de matériel d'ostéosynthèse par navigation chirurgicale).
Vers de nouvelles procédures mini-invasives
En urologie, les salles hybrides permettent d'envisager de nouvelles procédures mini-invasives. Dans la chirurgie des tumeurs rénales, elles facilitent l'embolisation sélective des vaisseaux tumoraux immédiatement avant l'énucléation de la tumeur par laparoscopie sans clampage vasculaire et sans saignement. Cette technique permet de s'affranchir des difficultés de suture en laparoscopie classique, de limiter l'ischémie rénale à la zone tumorale et théoriquement de supprimer le risque de fistule artérioveineuse et de saignement postopératoire. Au moment de l'embolisation, une injection de bleu patenté permet de tatouer la zone d'ischémie et d'aider au repérage de la tumeur. En cas de tumeur endophytique, il est également possible de mettre en place dans le même temps un harpon de repérage au sein de la tumeur. Le temps chirurgical est ainsi réduit de moitié en contrepartie d'un temps de radiologie interventionnelle préopératoire de 30 minutes à 1 heure (2,3). La réalisation des procédures endovasculaires et laparoscopiques dans la même unité de temps et d'espace permet de ne pas laisser se constituer un œdème de la zone embolisée qui provoque des douleurs au patient (syndrome postembolisation) et qui rend plus difficile la dissection chirurgicale (4).
L'autre intérêt est également de pouvoir réaliser une occlusion temporaire de l'artère rénale par voie endovasculaire en cas de saignement artériel non contrôlé, autorisant ainsi l'absence de contrôle pédiculaire au cours de la chirurgie. En urologie, il pourrait également être envisagé d'utiliser les salles hybrides pour faciliter l'abord des cavités rénales au cours des néphrolithotomies percutanées ou encore limiter le risque hémorragique au cours des chirurgies pelviennes.
Ces salles constituent ainsi une évolution technologique qui permet d'augmenter la précision des gestes chirurgicaux et la sécurité des patients en alliant l'expertise des radiologues interventionnels et des chirurgiens. L'intérêt d'un investissement dans cette nouvelle génération de bloc opératoire ne fait aucun doute comme en témoigne le nombre croissant de leur installation en France.
Urologue au CHU d'Angers
(1) Nollert G, Wich S. Planning a cardiovascular hybrid operating room: the technical point of view. Heart Surg Forum 2009;12:125-30
(2) Panayotopoulos P, Bouvier A, Aubé C, et al. How we managed to treat minimally invasively in a hybrid operating room a 13cm large symptomatic renal angiomyolipoma with intra-tumoral hemorrhage. Prog Urol 2016;26(16):1157-8
(3) Bigot P, Bouvier A, Panayotopoulos P, et al. Partial nephrectomy after selective embolization of tumor vessels in a hybrid operating room: A new approach of zero ischemia in renal surgery. J Surg Oncol 2016;113(2):135‑7
(4) Simone G, Papalia R, Guaglianone S, et al. Zero ischemia laparoscopic partial nephrectomy after superselective transarterial tumor embolization for tumors with moderate nephrometry score: long-term results of a single-center experience. J Endourol Endourol Soc 2011;25(9):1443‑6
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