Courrier des lecteurs

Faut-il vraiment dérembourser le médicament homéopathique?

Publié le 11/06/2019

« Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que les hautes dilutions de quelque chose ne sont pas rien » nous dit le Pr Luc Montagnier, prix Nobel pour le SIDA. Harald Walach, Professeur de méthodologie de recherche en médecine complémentaire, ajoute : « Dans les études sur le médicament homéopathique il existe des résultats spectaculaires qui ne sont pas compatibles avec les seules fluctuations aléatoires mais qui du fait d’une reproductibilité imparfaite ne satisfont pas les critères de la recherche traditionnelle »

Le médicament homéopathique apporte au médecin généraliste, dans de nombreux cas, une solution efficace et personnalisée, centrée sur les symptômes du patient, sans effets secondaires, répondant aux objectifs de santé publique. Il participe en effet notamment à la réduction de la prescription d’hypnotiques, d’anxiolytiques, d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires.

L'étude pharmaco-épidémiologique récente, EPI 3, montre qu’en pratique de ville, environ 50 % des consultations du médecin généraliste peuvent être solutionnées par le médicament homéopathique et ce avec autant d’efficacité, sans perte de chances pour le patient, sans effets secondaires et à un coût moindre.

Mais l’argument majeur du déremboursement ne semble pas tenir compte de ce choix validé par des études pharmaco-économiques et pharmaco-épidémiologiques. Il est vrai que si elles valident la pratique du médecin utilisant le médicament homéopathique, ce qui n'est pas rien, elles ne valident pas le fait que le médicament homéopathique puisse avoir un effet différent de celui du placebo.

Des méta-analyses négatives, analyses statistiques d’une compilation d’essais cliniques randomisés en double aveugle versus placebo, concernant les médicaments homéopathiques, existent, mais il y en a également des positives !

Les essais cliniques essayant de valider le médicament homéopathique sont pour un certain nombre d’entre eux positifs, malgré le fait qu’ils soient souvent mal menés et mal organisés… En effet la plupart, ne respectent pas la loi d’individualisation lors de l’inclusion des patients dans l’étude (préalable indispensable à la prescription du médicament homéopathique), manquent de puissance car ils incluent un trop petit nombre de patients ne permettant pas la mise en évidence d’une différence (budget insuffisant pour mener l’essai) et sont effectués sur une trop courte période.

L’hormèse ou effet inverse

Des recherches en nanotechnologie et nanoparticules révèlent l'existence d'un certain nombre de molécules de la substance d'origine, de l’ordre du picogramme, quelle que soit la dilution du médicament homéopathique, du fait de la succussion qui accompagne la dilution. Ceci autoriserait, d’après d’autres études, l’hormèse, ou effet inverse entre une faible dose et une forte dose. Le Pr Doutremepuich a démontré, par exemple, l’action hypercoagulante d’une faible dose d’aspirine quand une forte dose va être hypocoagulante.

Dans de nombreux modèles de recherche, on a constaté l’action au niveau cellulaire et organique de hautes dilutions ou de très faibles doses de toxiques, et d'ailleurs également sur des cellules cancéreuses (le médicament homéopathique, faut-il le rappeler, ne se substitue pas pour autant, bien sûr, aux thérapeutiques prescrites par l’oncologue et reste uniquement complémentaire dans le traitement du cancer).

Pourtant, malgré le fait que les patients soient souvent très satisfaits (étude IPSOS 2018) et qu’il existe tout un faisceau d’arguments justifiant cette approche thérapeutique, sous contrôle médical, sa mise à mort semble proche. Et ce, tant sur le plan du remboursement que sur celui de l’enseignement, où l’on souhaite interdire toute formation universitaire médicale ou pharmaceutique, et donc toute éventuelle utilisation ou recherche hospitalière. De même tout médecin généraliste, utilisant « encore » le médicament homéopathique, n’aura plus le droit d’être maître de stage…

Le déremboursement des médicaments homéopathiques, s'il a lieu, obérera injustement et inefficacement le choix du médecin et du patient pour soigner ou se soigner ainsi que les recherches futures sur le médicament homéopathique.

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Drc Marc Dellière, Médecin homéopathe, Saint-Nazaire (44)

Source : Le Quotidien du médecin: 9756