Si « Le Généraliste » était paru en juin 1619

Faux médecins, fabulateurs, imposteurs et autres charlatans…

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Publié le 22/06/2016
Histoire

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Le sieur de Courval, docteur en médecine, s’indigne en 1619 de la multiplication des charlatans et les distingue en trois catégories.

« Pour découvrir clairement et mettre en plein jour, l’âme et le cœur de tels fabulateurs et imposteurs que sont les charlatans et fonder les ressorts et mouvements occultes de leurs tromperies, il m’a semblé bon de les distinguer en trois sectes sur lesquelles je lancerai un foudre à trois pointes pour mieux les terrasser et foudroyer.

Sous l’étendard ou enseigne de la première secte, je rangerais les théraclieurs, charlatans, coureurs, étalons d’assemblée qui courent de ville en ville, de bourgade en bourgade, par les marchés les plus signalés et les foires les plus célèbres.

Sous la seconde, les alchimistes et spagyriques, extracteurs de quintessences, distillateurs, fondateurs d’eau potable et autres maîtres de l’élixir.

Sous la troisième, les iatromages ou médecins magiciens qui usent de charmes, paroles, billets, incantations pour curer les maladies.

Toutes lesquelles sectes jointes ensemble marchent à la campagne, sous la cornette générale des empiriques, et font partager facilement leurs croyances à ceux qui ne sont pas versés en l’art et science de médecine, comme le populaire ignorant, mais aussi à d’autres qui, par curiosité ou nouveauté, ajoutent  foy à la charlatanerie et tromperie de tels imposteurs qui fomentent leurs impiétés.

« Des serpents très dangereux et pestilentieux »
De sorte qu’il leur est permis par licence ou faux de donner à entendre au Prince et à la Justice, d’abuser et décevoir le peuple, et en prendre tel pied et accroissement qu’ils seront enfin cause de la ruine universelle, non seulement de l’art et science  de médecine, mais de toute la République, si ceux qui tiennent les rênes et le gouvernail  de la Justice n’y mettent en bref quelque police et règlement. Car telles gents adultèrent par leurs subtils poisons et mixtions, non seulement les métaux, mais aussi ils altèrent avec iceux les corps humains. C’est pourquoi ils sont plus à punir que cruels homicides et assassinateurs et il serait bon de bannir et exiler à perpétuité telle canaille d’imposteurs de la patrie, comme gens que l’on doit fuir et déserter, ainsi que serpents très dangereux et pestilentieux.

Car l’un, pour confirmer ses  dires, affichera par les carrefours et lieux publics des villes et bourgades et au frontispice de son théâtre de très amples lettres patentes, remplies et farcies de mensonges, de vantances et de promesses ampoulées à l’espagnole, lesquelles lettres il aura obtenu des roys, princes et magistrats sur les terres, royaumes ou domaine desquels il aura exercé pour quelque temps son empyrie, pour lui servir de témoignages des cures admirables et belles expériences qu’il aura faictes sur les Terres et pays de leur obéissance, lesquelles lettres auront été, dis-je, comme à l’ordinaire, subtilement crochetées à la faveur de quelques-uns de leurs amis, qui pour lors fera son quartier à la Cour, à la suite desdits roys et princes comme domestiques et confidents.


Source : lequotidiendumedecin.fr