L’incidence du cancer de la thyroïde a fortement augmenté en France entre 1982 et 2012. Entre ces deux périodes, le nombre total de cas incidents est passé de 526 à 2 641 chez les femmes et de 161 à 796 chez les hommes. Cette augmentation est majoritairement liée à l’évolution de l’incidence des cancers papillaires, qui sont de très bon pronostic contrairement aux cancers anaplasiques (pronostic péjoratif), médullaires et vésiculaires (pronostic intermédiaire). C’est le constat que dresse l’institut de veille sanitaire (Invs) à partir de l’analyse des registres des cancers français dans un numéro du BEH paraissant trente ans après la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 2016). Selon le BEH, cette augmentation résulte en grande partie de l’évolution des pratiques médicales, qui, selon certains auteurs, conduit même à un surdiagnostic.
Une étude rétrospective sur l’évolution des pratiques de prise en charge des pathologies thyroïdiennes entre 1980 et 2000 décrit, de fait, une augmentation des découvertes fortuites de cancer lors de l’examen anatomopathologique, en association avec une augmentation de la proportion de thyroïdectomies totales. Elle décrit aussi une augmentation de l’utilisation de l’échographie lors de la prise en charge diagnostique des pathologies de la thyroïde. Combinée à l’amélioration de ses performances, cette technique a permis la détection de lésions de plus en plus petites. La pratique des cytoponctions à l’aiguille fine s’est également développée, permettant un diagnostic précoce des tumeurs. Cet effet est renforcé par l’évolution des pratiques anatomopathologiques permettant la réalisation de coupes de plus en plus fines, aboutissant à la découverte de cancers de quelques millimètres. Résultat : les études chiffrent à 60% le nombre de cas de cancer de thyroïde diagnostiqués entre 2003 et 2007 attribuable aux évolutions diagnostiques
D’après le BEH, des facteurs de risque sont probablement également impliqués dans cette augmentation. Cette hypothèse repose, entre autres, sur l’analyse de l’évolution de l’incidence selon la taille des tumeurs. Si les cancers de petites tailles sont celles dont l’incidence a le plus augmenté, on observe également une augmentation de l’incidence des tumeurs de plus grande taille. L’augmentation de l’incidence de ces dernières suggère, selon les chercheurs, l’implication de facteurs de risque. En particulier, l’exposition aux rayonnements ionisants notamment durant l’enfance. Elle peut résulter des radiations reçues lors du traitement de certaines pathologies bénignes entre 1930 et 1960, ou être la conséquence de la multiplication des examens radiologiques, notamment dentaires. Les essais nucléaires réalisés dans les années 1950-1960 sont une autre source d’exposition aux radiations. L’impact des retombées liées à l’accident de Tchernobyl est en revanche discuté en Europe.
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