Dans son avis rendu mardi, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a approuvé l’ouverture à toutes les femmes de la procréation médicalement assistée (PMA) et rejeté la gestation pour autrui. L’ouverture aux femmes célibataires et aux couples lesbiens de la PMA – aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels infertiles – devrait être inscrite dans la loi de bioéthique examinée début 2019. La mesure figurait dans le programme de campagne d’Emmanuel Macron. Les opposants à cette évolution devraient faire entendre leur voix. Les partisans de la Manif pour tous ont déjà commencé à descendre dans la rue.
Dans un document de 165 pages, le CCNE a également pris position sur plusieurs autres sujets majeurs, qui risquent d’être au coeur de vifs débats dans les prochaines semaines. Le comité présidé par le Pr Jean-François Delfraissy s’est entre autres déclaré favorable à la levée d’anonymat des futurs donneurs de sperme (s’ils donnent leur accord) et à l’autoconservation des ovocytes des femmes qui le souhaitent après avis médical. À l’heure où le séquençage du génome est accessible en quelques clics, ou la percée du numérique percute chaque jour un peu plus le progrès médical, le CCNE a aussi donné son feu vert au diagnostic génétique préconceptionnel pour toutes les personnes en âge de procréer. Le comité suggère que cet « acte médical de prévention » soit pris en charge par l’Assurance maladie et l’examen de l’extension de ce dépistage génétique à la population générale.
Avec cette dernière mesure, même s’il se prononce contre la création d’embryons à des fins de recherche, le CCNE prend le risque d’être taxé d’ouvrir la porte à l’eugénisme. La frontière entre l’éradication de certaines maladies graves et la sélection de « super espèces » s’annonce ténue. Le Comité ne manquait pas de souligner en 2016 dans un précédent avis le danger de voir se développer une « génétique dont l’objectif principal deviendrait la prédiction de la maladie, avec le risque d’atteinte à la liberté que cela comporte dans un objectif de santé publique possiblement interventionniste ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature