Si « Le Généraliste » était paru en 1914

Hamlet souffrait de la goutte

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Publié le 24/10/2017
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Crédit photo : Phanie

En ce moment, le célèbre acteur Sir Forbes-Robertson fait une tournée en Amérique et dans les pays de langue anglaise. Une revue américaine (American Medicine) tout en reconnaissant ses grandes qualités scéniques lui reproche cependant de ne pas être le portrait vivant d’Hamlet.

Hamlet, d’après notre confrère yankee, serait la victime de « trop de chair » : il est gras et hors d’haleine ; il est pour le clinicien moderne, goutteux ou lithémique et n’a pas suivi le traitement de l’auto-intoxication causé par le régime carné trop abondant et par la fermentation des protéines (matières azotées).

Son indécision, ses crises d’humeur, l’alternance entre la gaîté excessive et l’humeur noire, cadrent parfaitement avec ce nouveau diagnostic. Shakespeare nous a donné un tableau qui montre bien ses merveilleuses facultés d’observation, car l’ensemble clinique est parfait. Or l’acteur anglais nommé au début, tout grand artiste qu’il soit est de tempérament bilieux et c’est un « saturnien » (sic).

Fechter fut le seul artiste qui répondit parfaitement à la description de Shakespeare ; il était gros et court d’haleine et il portait une perruque blonde, qui lui donnait une ressemblance frappante avec un Danois.

Néanmoins, il ne faut pas souhaiter à un acteur de trop répondre au personnage qu’il représente, car il arrivait souvent qu’on fût forcé de baisser le rideau au milieu d’une représentation de Fechter : cet artiste avait en effet des crises d’angine de poitrine. Un artiste jeune et en pleine santé représentera toujours mieux un vieillard que ne pourrait le faire un vieil acteur.

(La Chronique Médicale, 1914)


Source : lequotidiendumedecin.fr