Hémodialyse : l'Académie invite à promouvoir la dialyse à domicile et la télédialyse 

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Publié le 15/03/2018
dialyse à domicile

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Crédit photo : PHANIE

L'hémodialyse en tant que « machine semi-intelligente » a fait l'objet d'une séance de l'Académie nationale de médecine le 6 mars 2018, centrée sur les aspects technologiques et leurs apports en termes de qualité de vie pour les patients.

Les appareils à dialyse : de véritables ordinateurs

« Ces machines, qui étaient au départ une pompe et une membrane, se sont sophistiquées et sont devenues de véritables ordinateurs », déclare le Dr Bernard Charpentier, organisateur de la séance et néphrologue à Paris. De nombreux paramètres peuvent être pris en compte, comme la pression artérielle et la température. Aujourd'hui, une vingtaine de types de logiciels sont disponibles pour analyser ces différentes données. Le Pr Thierry Petitclerc, néphrologue et conseiller médical de l’Association pour l’utilisation du rein artificiel (AURA), en a présenté quelques-uns. À titre d'exemple, les logiciels de mesure peuvent notamment calculer la clairance de l’urée et la conductivité plasmatique. Ces machines « ne ressentent pas la fatigue qui peut conduire à l’erreur, légitimant l’appellation de machines semi-intelligentes », indique le compte rendu.

Bernard Charpentier souligne les progrès rapides réalisés avec ces logiciels, mais regrette que « la machine soit plutôt sous un contrôle industriel » et dénonce « un état monopolistique de quelques grandes compagnies mondiales ».

Hémodialyse à domicile : de moins en moins d'adeptes, malgré un intérêt démontré

Le Pr Philippe Brunet, néphrologue à Marseille, prône la mise en place de mesures en faveur du développement de l'hémodialyse à domicile, bénéfique en termes de qualité de vie. Malgré les progrès techniques, « la France se distingue des autres pays européens par une désaffection croissante de la dialyse à domicile alors que la qualité de cette modalité de dialyse et son coût moindre pour la société sont démontrés », selon le rapport. « Probablement parce que les malades ont changé et sont plus âgés », estime Bernard Charpentier. En effet, selon le rapport, « la prévalence de l’insuffisance rénale terminale explose après 75 ans, augmentant de 10 % par an ». Mais les freins, tels que la méconnaissance des indications et la disponibilité insuffisante des infirmiers, ont aujourd'hui été levés. Il est cependant précisé que « les limites des mesures incitatives professionnelles rendront nécessaires des incitations réglementaires ou financières ».

La télédialyse pour une meilleure qualité de vie

Dans le même sens, le Dr Pierre Simon, ex-président de la Société française de télémédecine, a présenté les intérêts de la télédialyse dans la prise en charge à domicile. Le néphrologue du centre ambulatoire reçoit les données des différents paramètres biologiques en temps réel et peut communiquer en direct avec le patient, à son domicile, tout en répondant à trois objectifs : « éviter l’hospitalisation, améliorer la qualité de vie des patients stabilisés dans leur traitement et réduire d’environ 20 % le coût global d’une séance d’hémodialyse ».

« Ces différents outils de l’ère numérique renforceront la relation patient-médecin si une réflexion éthique accompagne ces innovations et bénéficieront aux patients dont la qualité de vie sera améliorée tout en renforçant la sécurité de leur prise en charge », conclut le compte rendu.


Source : lequotidiendumedecin.fr