Comment se soigner en Chine à l'hôpital ? Cela relève plutôt du chemin de croix, selon la réalisatrice Ye Ye, par ailleurs francophile, dont le documentaire est sorti la semaine dernière sur vos écrans. Vivant en France depuis dix ans, parlant parfaitement la langue de Molière, elle a pourtant réalisé son film au sein de l’hôpital du peuple N°6 de Shangaï alors que la pandémie n'avait pas encore frappé le monde. Le tournage qui a duré quatre ans est le reflet parfait de la société chinoise. Le spectateur (français) se prend alors d’affection pour les soins de son système hospitalier. Dans le plus grand pays communiste du monde, en cas d’accident de la vie, tout devient une épreuve si l’on n'est pas riche. En témoigne l’exemple d’un homme qui se casse la colonne vertébrale en tombant d’un arbre. L’opération, risquée et avec peu de chances de réussite, est prônée par les médecins de l’établissement. Mais la famille doit débourser 200 000 yuans. C’est alors la course contre la montre pour trouver les fonds nécessaires, tout en essayant de persuader le malade qu'il va lui-même mettre toute sa famille sur la paille. Au-delà des soins médicaux indispensables, un panel de « prestations de services » doit être pris en charge financièrement par les proches du patient, comme les soins prodigués par l’aide-soignante, la coupe de cheveux du coiffeur avant l’opération ou bien le plus lourd, l’intervention chirurgicale. Résultat, un grand nombre de Chinois en cas de pépin médical, se retrouvent ruinés, doivent vendre leur maison ou leur terrain, ou bien emprunter des énormes sommes d’argent à leur famille. Le film montre bien l’angoisse des familles désorientées, démunies, mais encadrées par des médecins compétents et débrouillards, parfois à la limite de l’éthique quand on voit ce vieux toubib redresser les membres cassés en leur tirant dessus avant de les plâtrer. L’essentiel demeure : l’attachement entre les patients et leur famille, l’émotion entre les malades et les soignants. Outre le sentiment d’injustice qui les assaillent, les larmes montent alors aux yeux des spectateurs frappés par l’étonnante résilience du peuple chinois.
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